LE saviez-vous ?

Une histoire sortie du fournil. Le 15 novembre 1793 un décret de la Convention stipule que tous les Français doivent manger le même pain à la fleur de farine blanche. Fini le pain au son ! Tous les boulangers seront tenus, sous peine d’incarcération, de produire un seul pain : le pain de l’égalité.

L’aliment de base durant toute l’histoire a été le pain rond, la miche, qui se conservait plusieurs jours. Mais à l’époque des conquêtes napoléoniennes, il était plus facile pour les grognards de l’empereur de façonner un pain long, individuel, transportable dans la besace près de leur arme : la baguette.

Lors de la construction du métropolitain de Paris en 1890, de nombreuses rixes éclatent dans les galeries, entre provinciaux venus chercher du travail. Les tacherons ont tous un couteau avec lequel ils coupent leur miche de pain. Le maître d’oeuvre Fulgence Bienvenüe interdit le port du couteau et fait distribuer des baguettes qu’on peut rompre.

Puis le pain rond reprend le dessus grâce à sa conservation et son très long passé. La baguette revient dans les grandes villes après la Seconde Guerre mondiale, favorisée par une loi plus ancienne. En effet, les boulangers ont interdiction de commencer leur travail avant 4 heures du matin. Ce qui ne laisse pas suffisamment de temps aux pains ronds traditionnels pour fermenter. La confection d’un pain long, comme la baguette, est plus rapide à préparer.

Le champ lexical du pain a engendré de nombreuses expressions comme « être dans le pétrin » : pâte collante dont il est difficile de sortir. Ou « trempé comme une soupe » : quand les assiettes n’existaient pas, le pain servait de support à la sauce qui coulait dessus. Ou encore « le mitron », l’ouvrier qui pétrit près du four où la température avoisine les 40 degrés, travaille torse nu, d’où « mi-tronc » Ou encore cette expression bien connue chez les boulangers : « Bonne pâte, mais dure à lever ».

La baguette a été reconnue officiellement en 1993 grâce au « décret pain » du gouvernement Balladur qui visait à valoriser cet aliment et à donner un essor à la qualité artisanale face à la boulangerie industrielle.