La Grande Guerre en BD et sur scène
La Grande Guerre comme si on y était. Et ce grâce à une expo de bandes dessinées proposée par l’association Bulles de Mantes, labellisée par la Mission du centenaire de 14-18. Une expo qu’accueille le hall de la salle Jacques-Brel jusqu’au 9 décembre. Les documents sur la Grande Guerre sont légion, photos, films, témoignages… Mais traiter de cet événement par la BD apporte incontestablement un plus grâce au côté suggestif du dessin.
« Fraîche et joyeuse »
Ici, ce sont une douzaine de panneaux, souvent saisissants de vérité qui sont proposés au public. À l’image de ces Visages de guerre exprimant l’épouvante ou bien sûr de ce panneau sur les gueules cassées qui nous apprend que cette guerre fit en France plus de 3 500 000 blessés, 56 000 amputés et 65 000 mutilés.
Vies brisées évoque les cas d’un certain Émile P., atteint de « délire et d’hallucinations en plus de nombreux troubles physiques » et qui mourra de tuberculose à Ville-Evrard ; et celui de Baptiste B., hospitalisé pour « hyperémotivité, cauchemars et hallucinations ». La fleur au fusil (de Jacques Tardi) rappelle que les soldats croyaient partir pour une guerre courte,
« fraîche et joyeuse ». La BD n’exclut pas le didactisme avec la présentation des uniformes (en particulier, côté français, sur ceux du début de la guerre, rouges et donc trop voyants pour l’ennemi), des armes nouvelles (les gaz qui feront tant de dégâts, le lance-flammes apparu en 1916, les chars au Chemin des Dames). La guerre dans les airs montre que l’avion, absent en 1914 va devenir avion de combat pour l’observation aérienne mais aussi les bombardements. Certains pilotes vont devenir des as, à l’image de Guynemer pour la France et Manfred von Richtofen pour l’Allemagne. La vie dans les tranchées montre un autre côté terrible de la guerre avec le froid, la boue, les rats, les poux, les odeurs nauséabondes. D’autres aspects de la Grande guerre ne sont pas oubliés avec les troupes coloniales, les espions (Mata Hari), la vie des civiles et bien sûr, les fusillés pour l’exemple (2 400 poilus condamnés à mort dont 600 seront fusillés, eux aussi pour l’exemple.
Vendredi après-midi, c’est un spectacle sur la Grande Guerre qui était proposé au public par Karim Hammiche. Ce dernier s’est demandé comment représenter cette guerre avec le recul que nous en avons aujourd’hui. Karim s’est fixé deux objectifs : faire participer à son projet des jeunes Drouais et faire oeuvre mémorielle. Enfin, « tenter
de faire tenir avec la magie du théâtre, un pan de l’Histoire ». Le projet est plus que réussi. Sur scène, une dizaine de jeunes habillés en soldats dont 4 femmes et 5 hommes autour d’un cercueil. Ils découvrent le journal d’un soldat datant de 1915 dont ils extraient des phrases très parlantes comme « Le pire c’est quand il faut
faire l’appel » ou « Quand les beaux jours vont-ils revenir ? » Les scènes se succèdent dont certaines sont particulièrement évocatrices comme celle d’hommage aux tirailleurs marocains où les acteurs défilent silencieusement à petits pas dans la pénombre comme s’ils étaient morts. Ou cette scène très réaliste ou un campement se fait bombarder avec éclairs et bruits de bombes. Entre les scènes, une projection d’images souvent inédites de la Grande Guerre ajoute encore au réalisme.