La monnaie locale intéresse
Le projet de création d’une monnaie locale commence à se dessiner. La première réunion publique d’information s’est tenue jeudi dernier à Limay à la librairie La Nouvelle Réserve. Si l’idée a attiré une soixantaine de personnes, la réalisation, le fonctionnement et les garanties de cette future monnaie ont suscité bien des interrogations.
Comment va t-elle être mise en place ? Qu’apporterait-elle de plus que l’euro ? Où iront les euros échangés ? Qu’adviendra-t-il si cette monnaie venait à « s’écrouler » ? Voilà les principales questions posées par l’assistance. « Des préoccupations qui sont tout à
fait légitimes », estime David Charbonnier, en charge de la communication au sein du Mantois en Transition, l’association à l’initiative de ce projet.
Au stade du débat et de l’information
Loin d’apporter des réponses concrètes à toutes les questions, le but de ce premier échange, selon les organisateurs, était d’abord de mesurer l’intérêt d’un tel projet auprès des habitants. « C’est un premier tam-tam pour marquer notre existence, nous présenter aux
personnes intéressées », affirme Carole, qui a modéré le débat. Parmi ces « intéressés », dont certains venus de Guernes, Magny-en-Vexin, FontenaySaint-Père, Mantes-la-Jolie ou Limay, il y avait beaucoup de curieux. Des personnes peu initiées à l’utilité d’une monnaie locale, certes, mais assez attentives tout de même à la question car déjà sensibles à certains autres mouvements altermondialistes ou alternatifs comme la biocoop ou les Amaps, par exemple. Il n’était donc pas très difficile de les convaincre. « Je connais un peu le principe de la monnaie complémentaire, je suis venu chercher de plus amples informations et je constate qu’il faut une vraie mobilisation, estime Jérôme, un militant du mouvement des Ateliers constituants.
Malgré le fait qu’il y ait tout à faire, malgré toutes les craintes qui ont été exposées, je pense qu’il y a du potentiel. Mais, comme partout, il faudra certainement un travail de longue haleine. Le piège serait de ne pas s’autoriser à essayer, il faut tenter jusqu’à ce que cela fonctionne même si ce n’est pas nous qui en obtenons les fruits. On permettrait au moins à d’autres plus tard de s’appuyer sur quelque chose de plus sain. »
Si beaucoup ont partagé cet avis, ils ont aussi émis la crainte que le projet ne demeure trop longtemps qu’au stade des discussions. Une étape qualifiée de « peu utile », sans grand
intérêt pour l’avancement du projet. D’autant plus que ni les municipalités, ni les institutions publiques, ni les associations de commerçants - sans lesquels la monnaie ne pourrait circuler n’ont encore été informées.
Ça marche au Pays Basque
Un choix volontaire, délibéré, ont répondu les organisateurs.
« Pour le moment, nous sommes encore au stade de l’information. Bien sûr, on collecte toutes les questions, toutes les pistes et ensuite, sur chaque atelier, on va pouvoir comparer nos idées avec celles des autres collectifs qui ont déjà créé une monnaie », indique Carole, qui soutient d’ailleurs que cette étape s’est avérée essentielle partout où les monnaies locales ont vu le jour.
À ce sujet, un film d’une dizaine de minutes vantant les atouts et bénéfices des monnaies alternatives a été projeté en début de séance. De quoi faire rêver certains face au succès de l’emblématique « eusko » au Pays Basque ou du « TEM » en Grèce, présentés dans ce reportage signé Arte.
Le Collectif organise des réunions tous les 15 jours, le lundi, à la Nouvelle Réserve.