F(l)ammes éclaire le quotidien des filles des quartiers
Après avoir présenté Illumination(s) en 2014 au Collectif 12, le metteur en scène Ahmed Madani revient à Mantes avec F(l)ammes. Il poursuit ainsi un travail patient, minutieux et passionné entamé en 2012 avec les jeunes des quartiers populaires.
Lui-même enfant de la deuxième génération, ayant grandi dans le quartier du Val Fourré, Ahmed Madani n’a de cesse de questionner cette page d’histoire liée à l’immigration en France qui, qu’on le veuille ou non, a forgé une partie de notre identité multiple.
Mais Ahmed Madani s’intéresse avant tout à l’humain. Pour mettre en perspective l’histoire collective, souvent pleine de non-dits et d’idées reçues, avec les parcours individuels, il a choisi de faire appel à des
comme il le dit, les jeunes eux-mêmes qui vivent dans les quartiers décentrés, au Val Fourré à Mantes-la-Jiolie, aux Indes à Sartrouville, à Montreuil, dans ces banlieues que la République appelle aujourd’hui zones prioritaires de sécurité, hier quartiers sensibles.
Il a commencé ce cycle avec les garçons parce que l’histoire de l’immigration maghrébine
« experts »,
et africaine a débuté avec les hommes. Les femmes et les enfants sont arrivés après, grâce aux mesures de rapprochement familial. Réduites à l’univers domestique, les femmes ont posé leurs valises sans faire de bruit.
« La question des femmes semble être le point aveugle, considérée comme un enjeu mineur »,
affirme le metteur en scène.
Son projet artistique repose aussi une forme de partage de sa propre histoire familiale.
« J’avais écrit Illumination(s) au nom de mon père, F(l) ammes se place du point de vue de ma mère »,
explique-t-il. Avec Illumination(s), il était parti du général pour aller au particulier. Cette fois, il a pris le contre-pied en utilisant des récits personnels et intimes pour aller du particulier au général. Les dix jeunes femmes, qui constituent le groupe, racontent leur vie quotidienne, leur féminité et mettent en évidence leurs rapports à leurs filiations, les conflits intergénérationnels, les contradictions et les compromis à l’oeuvre dans leur for intérieur.
Elles qui, il y a seulement six mois, n’étaient jamais monté sur scène, nous épatent par leur énergie, nous bouleversent par la sincérité de leurs récits, nous font rire par l’humour dont elles font preuve en réponse aux mauvais coups que la société leur porte. Bref, elles nous ouvrent les yeux et nous font passer par toutes les émotions.
Par les temps qui courent où les replis identitaires agissent comme une gangrène, F(l)ammes devrait être remboursé par la République française.
Au Collectif 12, les 8, 9 et 10 décembre à 20 h 30. Tarifs : 5 et 10 euros. 174 boulevard du Maréchal Juin à Mantes la jolie. Information et réservation au 01 30 33 22 65. Site Internet : collectif12.org