Le Courrier de Mantes

Champagne, une histoire qui fait des bulles.

- Gérard Le Coustumer

Jusqu’au Moyen Âge, ce sont les moines qui s’occupent de la vigne. Le vin est la boisson du peuple, mais aussi des nombreux offices religieux. À cette période, il n’y a encore pas de bulles et le taux d’alcool avoisine les 8 à 9 degrés. Reims est la ville qui sacre la plupart des rois de France, le premier est Clovis, baptisé par l’évêque Rémi. A chaque cérémonie, s’ensuit de gigantesqu­es banquets. La région finit par se faire une réputation viticole. Henri IV, pourtant sacré à Chartres, est un fervent défenseur des vins de Champagne. Mais ce sont toujours des vins « tranquille­s ». Les Anglais très en avance dans les fours à cuire, inventent la bouteille de verre en 1634. Un progrès phénoménal pour transporte­r le précieux nectar, chaque région adopte sa forme.

Ce vin est conditionn­é dans les nouvelles bouteilles, mais il devient naturellem­ent pétillant. Les moines le qualifient de « vin

du diable », les consommate­urs de « saute-bouchon ». Les Anglais en fervents acheteurs et consommate­urs commencent à apprécier ce vin qui fait des bulles. Ils rapportent des barriques pleines et rajoutent la mélasse de la canne à sucre, la fermentati­on est augmentée. La cour d’Angleterre est conquise. Ce qui ne plaisait pas auparavant va désormais être recherché en France toujours à l’occasion des sacres.

En 1670, un moine, dom Pérignon, l’économe de l’abbaye bénédictin­e d’Hautviller­s, au coeur de la région de Champagne, va s’intéresser à la vinificati­on et aux assemblage­s sur plusieurs parcelles de cépages. Il améliore considérab­lement la qualité du vin à bulles. C’est lui qui aurait fait renforcer les culots de bouteille (pour résister à la pression) puis la muselière par une ficelle de chanvre. Les premières bonnes bouteilles de champagne naissent en1695.

Le champagne acquiert une renommée internatio­nale et les investisse­urs sont intéressés. Beaucoup viennent de Prusse comme Heidsieck, Bollinger, Moët, Roederer, Deutz … Les veuves reprennent le commerce très lucratif de leurs maris décédés : Veuve Clicquot, Madame Perrier, Madame Pommery…

Seule ombre au tableau de ce vin qui fait la renommée de la France : l’inscriptio­n au patrimoine mondial de l’Unesco soumise en 2008 n’a pas été retenue.

Newspapers in French

Newspapers from France