La neige était polluée
De la neige s’est abattue dans la nuit du 30 au 31 décembre à Limay. Un phénomène très localisé et assez atypique. Selon un météorologue, il s’agissait de « neige industrielle » : des particules de pollution qui se sont transformées en flocons.
Samedi 31 décembre au matin, Limay s’est réveillée recouverte d’un beau manteau blanc. La neige a transformé le paysage durant la nuit. Des habitants s’en sont émerveillés sur les réseaux sociaux. Et pourtant, ce phénomène climatique, qui n’a pas touché les villes voisines, n’a rien de poétique et semble même plutôt inquiétant. Selon Pascal Scaviner, responsable du service prévision à la Chaîne Météo, située à Vernouillet, il s’agissait de « neige industrielle ». En d’autres termes, de particules polluantes en forme de flocons.
Industrie et chauffage mis en cause
Cette neige, dite aussi « urbaine », est la conséquence d’un épisode de pollution auquel viennent s’ajouter plusieurs facteurs climatiques, selon ce spécialiste : « forte humidité, absence de vent, plafond nuageux très bas, brouillards givrants et températures plus basses au sol qu’en altitude ». Dans ce cas de figure, les impuretés en suspension dans l’air se retrouvent « emprisonnées par des cristaux de glace », pour former des flocons, semblables à de la neige traditionnelle. Pascal Scaviner indique aussi que le relief d’un territoire joue un rôle important dans ce processus. Cet hiver, la France connaît un nombre élevé d’épisodes de ce type un peu partout sur son territoire.
Ce phénomène, tout de même « assez rare », ne représenterait pas plus de danger pour l’être humain que la pluie ou l’air respiré lors d’un pic de pollution. Il proviendrait principalement des émanations rejetées par les usines, mais aussi du chauffage des particuliers. Les gaz d’échappements ne sont pas mis en cause, car ne prenant pas assez de hauteur pour subir cette métamorphose. « Cela ne peut pas être sans incidence sur la santé, la faune et la flore, estime Corinne Dumont, secrétaire générale adjointe de l’association Yvelines environnement. Il ne faut pas jeter la pierre aux industriels. Chacun doit faire sa part d’efforts. Les particuliers peuvent, par exemple, baisser leur chauffage de quelques degrés et éviter les déplacements inutiles. »
Les Yvelines déjà touchées en 2010
En février 2010, une partie des Yvelines avait déjà été frappée par ces chutes de neige un peu spéciale, avec une couche d’un centimètre d’épaisseur relevée au sol. Ces derniers jours, dans le département, seul Limay aurait été concernée. « La commune accueille une importante activité industrielle, c’est de notoriété publique. Les rejets atmosphériques des usines sont contrôlés en permanence par Airparif », précise Éric Roulot (PCF), le maire.