Le Courrier de Mantes

Quelques minutes après minuit

- DE JUAN ANTONIO BAYONA Pierre Limat

Avec trois longs métrages et deux épisodes de la série « Penny Dreadful » en l’espace de dix ans, Juan Antonio Bayona n’est pas le cinéaste le plus prolifique du monde. Mais il lui a fallu moins longtemps que cela pour imposer son talent et son univers aux yeux du monde, et s’imposer comme un fils spirituel (et ibérique) de Steven Spielberg. Attention : nous ne cherchons pas ici la formule à grands renforts de « Le nouveau… », car les deux cinéastes restent très différents. Mais nul doute que le papa de « E.T. » doit être l’un des modèles de celui de « The Impossible », chez qui l’on retrouve quelques points communs, dans le récit et cette façon de filmer à hauteur d’enfant. Et comme le hasard fait bien les choses, il signe avec « Quelques minutes après minuit » son « Bon gros géant » à lui. Mais en un peu mieux. Là où Spielberg avait légèrement déçu avec une adaptation de Roald Dahl moins magique qu’espéré, Bayona émeut en transposan­t le roman de Patrick Ness sur grand écran. Comme dans « L’Orphelinat », son premier long métrage, le metteur en scène habille un drame humain de vêtements fantastiqu­es, et nous raconte l’histoire de Conor qui, marqué par la maladie dont souffre sa maman, s’évade régulièrem­ent dans un monde où il dialogue avec un monstre issu de l’if près de chez lui. Lequel va l’aider à affronter la réalité, comme il ne nous faut pas longtemps pour le comprendre, car le scénario est assez prévisible dans son ensemble et avance mécaniquem­ent, alors que le réalisatio­n, un poil trop parfaite dans ses mouvements de caméra et compositio­n de plans, empêche l’émotion de passer. Mais dans un premier temps seulement, car l’ensemble finit par fonctionne­r au fur et à mesure de la relation entre le héros et la créature à qui Liam Neeson prête sa voix grave dans la version originale. Très fidèle à son modèle de papier, « Quelques minutes après minuit » n’atteint certes pas les sommets d’un « Labyrinthe de Pan », dont il pourrait être le cousin, mais nous confirme qu’il faut vraiment compter avec le talent de Juan Antonio Bayona.

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