La Première Guerre mondiale par ceux qui l’ont vécue
La guerre, la vraie, en pleine église. Samedi soir, l’église du Sacré-Coeur accueillait la Compagnie de l’Aube pour une représentation de « Post-Scriptum », pièce de théâtre (écrite et mise en scène par Coralie Leclerc et Julien Clugéry) sur la Grande Guerre. Lieu apparemment insolite pour jouer des scènes guerrières mais qui s’explique par l’une des intentions de la pièce qui est de rendre hommage aux 30 000 prêtres et religieux partis au front en 1914.
Parti la fleur au fusil
Un par un, les acteurs entrent en scène et gagnent leur place autour d’une grande table de repas. Sans dire un mot, ils prennent une pose hiératique (on pense à la Cène de Léonard de Vinci) qu’ils ne quitteront que lorsque tout le monde sera là, soit six Poilus, un prêtre et une infirmière en partance pour le front et un homme et une femme qui restent pour faire marcher l’usine de filature.
Tous ces personnages se connaissent, ils sont de la même ville mais vont connaître des destins différents.
Des destins annoncés dès le début, chaque acteur prenant la parole à tour de rôle pour parler d’un camarade.
En dehors des uniformes, le décor pourrait faire penser à un moment de retrouvailles autour d’un repas. Tandis qu’on boit et mange joyeusement, Suzanne brode de la dentelle… Mais très vite, la tempête va succéder aux libations.
Une voix off annonce en effet l’arrivée des premiers nuages, l’assassinat de l’archiduc d’Autriche, François-Ferdinand, la mobilisation générale, la moisson qui s’interrompt dans les champs, l’illusion que la guerre ne va durer que quelques semaines.
Face aux événements, les réactions sont différentes. Il y a le soldat qui part la fleur au fusil et qui sera blessé trois fois mais survivra. Le Père Eugène et un autre soldat tomberont à Verdun.
Un autre sera fusillé pour désertion.
Pas un moment d’ennui dans cette pièce où se succèdent monologues et dialogues mais aussi scènes de guerre d’autant plus réalistes qu’elles sont réalisées avec un décor minimaliste.