Pas tous égaux face au prix de l’eau
De 2,83 € à 5,68 €, le prix du m3 d’eau peut varier du simple au double dans les 73 communes de la nouvelle communauté urbaine GPS&O. L’AREP-VS, qui oeuvre pour le retour de l’eau en régie république, entend poursuivre son action pour faire baisser les ta
Désormais, l’eau potable et l’assainissement sont l’affaire de GPS&O pour les 73 communes qui ont intégré la communauté urbaine. L’intercommunalité a hérité de situations très disparates. D’une commune à l’autre, le prix au m3 peut varier du simple au double. L’objectif de GSP&O est d’arriver à un tarif unique. Mais ce n’est pas demain la veille qu’elle y parviendra.
On se souvient des prises de becs épiques entre Dominique Braye, l’ancien président de la communauté d’agglomération de Mantes en Yvelines et l’association L’AREP-Camy qui militait pour la gestion de l’eau en régie publique. Depuis, les tensions se sont apaisées et le dialogue a repris une tournure normale.
La création de la nouvelle communauté urbaine GPS & O a modifié le paysage pour les associations de défense des consommateurs. L’AREP-Camy, Les Mur’Eau et Eau Val de SeinePoissy ont fusionné pour créer AREP- VS (pour Val de Seine).
AREP-VS entend poursuivre
son action « pour la préservation de la ressource en eau, la protection des consommateurs, et la baisse des tarifs, et le retour de la distribution de l’eau potable et de l’assainissement en régie publique à l’exemple de Limay-Guitrancourt ».
« Grâce aux combats de nos associations, en 2011, une baisse de 65 % de l’abonnement et de 18 % de la facture a été obtenue pour les habitants des communes de l’ex-Camy. À Poissy, le prix a baissé de 10 %. Désormais aux Mureaux, il est l’un des plus bas de la Vallée de la Seine », souligne Maurice Martin l’un des fondateurs de l’AREP-VS.
Du simple au double
Mais la lutte n’est pas finie et l’association aura du pain sur la planche car, face au prix de l’eau, les consommateurs ne sont pas tous égaux. Le prix moyen pondéré sur l’ensemble de GPS & O est de 4,03 €/m3 (prix calculé à partir d’une consommation annuelle d’un foyer de 120 m3). Ce chiffre cache d’importantes disparités. Les différences de tarifs peuvent varier du simple au double. Par exemple à Limay, Mantes-la-Jolie, Rosny-sur-Seine ou encore Buchelay, le prix du m3 se situe dans une fourchette allant de 2,83 € à 3,59 € tandis qu’à Bouafle, Chapet, La Falaise ou encore Brueil-en-Vexin, Mézy-sur-Seine, Hardricourt, il fluctue de 4,85 € à 5,68 €.
L’objectif de l’AREP-VS est d’arriver à un tarif unique pour tous les consommateurs des 73 communes de la communauté urbaine. Un but que semble partager GPS & O qui a désormais l’eau potable et l’assainissement parmi ses compétences. « L’harmonisation du prix de l’eau est un objectif vers lequel nous devons tendre. Mais pour arriver à un tarif unique, cela peut prendre une quinzaine
d’années », explique le vice-président en charge du dossier eau Jean-Luc Santini (conseiller municipal délégué à Mantes-la-Jolie et conseiller régional).
En effet, la communauté urbaine a hérité de situations
très disparates. « Nous sortons tous les dossiers des armoires. Nous avons répertorié 55 contrats différents qui viendront à terme à des dates différentes, certains courant jusqu’en 2022. Nous avons regroupé 40 personnes au sein d’un service unique. Nous avons un personnel de qualité. Pour l’heure, nous en sommes à terminer l’état des lieux. Par ailleurs, nous poursuivons les projets engagés par les anciennes intercommunalités avant la fusion »,
précise Jean-Luc Santini. Parmi les gros chantiers figure la modernisation de la station d’épuration des Mureaux. La sécurisation de l’ensemble des réseaux est aussi une priorité. « Après Paris et le SIAP, GPS & O et ses 400 000 habitants devient la troisième plus grosse entité chargée de l’assainissement », rappelle l’élu.
Jean-Luc Santini prévoit la mise en place d’un groupe de travail chargé de réfléchir sur toutes les problématiques concernant l’eau potable. Limay : un exemple
L’AREP-VS a bien son idée pour parvenir à une harmonisation des tarifs et des prix plus bas : la création d’une vaste régie publique à l’échelle de la nouvelle communauté urbaine : « Cela s’est fait à Paris et dans une bonne centaine de communautés urbaines depuis quelques années, comme à Montpellier, à Saint-Malo, Evry, le Val d’Orge et même à Nice chez M. Estrosi », plaide
Maurice Martin. « Pour inquiéter les élus, on leur fait croire que c’est très compliqué de sortir du système confié au privé pour revenir à une régie publique. Dans la réalité, partout où cela s’est fait ça a fonctionné », ajoute-t-il. Pour l’AREP-VS, le gros avantage de la régie publique, c’est qu’elle n’a pas à verser de dividendes à ses actionnaires et qu’elle peut « tout réinvestir dans l’amélioration des réseaux, l’économie de la ressource, la lutte contre les pollutions ».
Qu’en pense Jean-Luc Santini qui a déjà reçu l’association
à deux reprises ? « Nos deux critères seront toujours l’efficacité et le coût du service rendu. Quels que soient nos choix, ils ne peuvent pas se faire sans une étude comparative. Limay, qui fonctionne en régie publique, pourra nous servir de laboratoire pour observer ce qui se fait dans ce domaine. S’il s’avère que ce schéma est le meilleur, je proposerai que l’on aille vers la régie publique », répond-il.
Relevés gratuits
En attendant le grand jour, l’AREP-VS poursuit ses combats au quotidien : elle demande que les 49 premiers m3 à prix réduit profitent à tous les foyers ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. « Dans beaucoup d’immeubles collectifs, le relevé se fait le plus souvent au niveau compteur général et l’on compte un seul abandonné. S’il y a 50 familles dans l’immeuble, elles ont droit à moins d’un m3 à prix réduit alors que le voisin qui habite un pavillon profite de 49 m3 au tarif préférentiel », explique l’association. Une généralisation qui permettrait de faire baisser automatiquement les factures. Autre motif de revendication : le relevé des compteurs. « Cette opération très simple qui devrait s’effectuer gratuitement par les syndics des copropriétés ou par les délégataires est parfois concédée à des officines privées et facturé à des tarifs inadmissibles », s’insurge l’AREP-VS. Une autre piste à suivre pour économiser des euros sur la note de l’eau.
Objectif commun : un tarif unique
Pour contacter l’association : AREP-VS, agora, 254, Bd du Maréchal-Juin, 78200, Mantes-laJolie. Site Internet : mantes.eau. publique.free.fr Blog mantes. eaupublique.over-blog.com