Caméras-piétons : une expérimentation en demi-teinte
Les policiers en uniforme travaillant en zones sensibles seront bientôt tous équipés de caméras, pour filmer les interventions. Dans les Yvelines, c’est en cours d’expérimentation et les retours du terrain ne sont pas tous positifs, la faute à un matériel
Le 1er mars dernier, le ministère de l’Intérieur a annoncé que les policiers en patrouille dans les zones de sécurité prioritaire seront équipés de caméras-piétons. Les appareils doivent filmer les contrôles d’identité. Le dispositif pourrait devenir obligatoire pour les fonctionnaires qui opèrent en tenue. Ceux qui travaillent en civil, comme les brigades anticriminalité (Bac), seraient dispensés de cette mesure afin de se fondre plus facilement dans la population.
À Trappes, cette annonce, si elle ne suscite pas l’hilarité, fait plutôt sourire. Selon nos informations, certains policiers en patrouille sont déjà équipés de
« Ce système nous donne plus ou moins satisfaction,
C’est positif car cela évite les contestations imaginaires. En revanche, ce serait bien que le matériel fonctionne. Les caméras que nous avons reçues sont assez
une source. raconte
fragiles. Concrètement, face à des violences urbaines, elles ne tiennent pas le coup. Tous espèrent que le nouvel équipement sera plus solide. »
« Plus fiable aussi. Car ce que nous avons testé n’est pas super d’un point de vue technique,
Et de poursuivre :
notamment pour l’enregistrement. Certains policiers ont donc décidé de s’équiper à leurs frais, avec des appareils habituellement utilisés pour les sports extrêmes. Il existe une marque bien connue et très fiable. »
Selon cette même personne, la présence de la caméra ne changerait pas grand-chose aux interventions.
« Si une personne s’emporte, caméra ou pas caméra, le policier se fera insulter. Il faudra juste voir comment cela sera utilisé dans les tribunaux en cas de contestation ou d’accusation de violences. »
Du côté du commissariat de Mantes-la-Jolie, où l’expérimentation a débuté il y a bientôt quatre ans, des problèmes techniques similaires auraient été rencontrés.
Une plus-value sur le terrain pour Unité-SGP-Police
Pour Pascal André, délégué départemental Unité-SGP-Police, ce matériel apporte une véritable plus-value sur le terrain.
« Cet outil permet de désamorcer des situations,
Quand un individu récalcitrant est prévenu qu’il est filmé et que sa voix est enregistrée, il se calme. Nous avons encore eu le cas dernièrement. »
explique-t-il. Le syndicaliste souligne également que ces caméras peuvent être utilisées pour identifier des personnes, quand une enquête est ouverte après des violences urbaines.
D’après les retours qu’il a du terrain, il estime qu’il y aurait autant de policiers favorables que défavorables à cet équipement.
« Certains collègues restent méfiants et refusent que les bandes-vidéo soient utilisées dans des procédures disciplinaires, surtout sous la forme d’extraits, On souhaite aussi que l’utilisation de ce matériel soit plus encadrée, avec un module de formation et la mise en place d’un protocole. »
ajoute-t-il.
Déjà en place dans certains commissariats, avec plus ou moins de succès
Pour l’heure la direction départementale de la sécurité publique n’a pas reçu d’information particulière sur la date de livraison des caméras.
« Il semble que le ministère veuille aller assez vite. Tous les policiers seront ensuite équipés progressivement »,
détaille leur patron, Ludovic Kauffman.