Le Courrier de Mantes

Caméras-piétons : une expériment­ation en demi-teinte

Les policiers en uniforme travaillan­t en zones sensibles seront bientôt tous équipés de caméras, pour filmer les interventi­ons. Dans les Yvelines, c’est en cours d’expériment­ation et les retours du terrain ne sont pas tous positifs, la faute à un matériel

- François Desserre et Renaud Vilafranca

Le 1er mars dernier, le ministère de l’Intérieur a annoncé que les policiers en patrouille dans les zones de sécurité prioritair­e seront équipés de caméras-piétons. Les appareils doivent filmer les contrôles d’identité. Le dispositif pourrait devenir obligatoir­e pour les fonctionna­ires qui opèrent en tenue. Ceux qui travaillen­t en civil, comme les brigades anticrimin­alité (Bac), seraient dispensés de cette mesure afin de se fondre plus facilement dans la population.

À Trappes, cette annonce, si elle ne suscite pas l’hilarité, fait plutôt sourire. Selon nos informatio­ns, certains policiers en patrouille sont déjà équipés de

« Ce système nous donne plus ou moins satisfacti­on,

C’est positif car cela évite les contestati­ons imaginaire­s. En revanche, ce serait bien que le matériel fonctionne. Les caméras que nous avons reçues sont assez

une source. raconte

fragiles. Concrèteme­nt, face à des violences urbaines, elles ne tiennent pas le coup. Tous espèrent que le nouvel équipement sera plus solide. »

« Plus fiable aussi. Car ce que nous avons testé n’est pas super d’un point de vue technique,

Et de poursuivre :

notamment pour l’enregistre­ment. Certains policiers ont donc décidé de s’équiper à leurs frais, avec des appareils habituelle­ment utilisés pour les sports extrêmes. Il existe une marque bien connue et très fiable. »

Selon cette même personne, la présence de la caméra ne changerait pas grand-chose aux interventi­ons.

« Si une personne s’emporte, caméra ou pas caméra, le policier se fera insulter. Il faudra juste voir comment cela sera utilisé dans les tribunaux en cas de contestati­on ou d’accusation de violences. »

Du côté du commissari­at de Mantes-la-Jolie, où l’expériment­ation a débuté il y a bientôt quatre ans, des problèmes techniques similaires auraient été rencontrés.

Une plus-value sur le terrain pour Unité-SGP-Police

Pour Pascal André, délégué départemen­tal Unité-SGP-Police, ce matériel apporte une véritable plus-value sur le terrain.

« Cet outil permet de désamorcer des situations,

Quand un individu récalcitra­nt est prévenu qu’il est filmé et que sa voix est enregistré­e, il se calme. Nous avons encore eu le cas dernièreme­nt. »

explique-t-il. Le syndicalis­te souligne également que ces caméras peuvent être utilisées pour identifier des personnes, quand une enquête est ouverte après des violences urbaines.

D’après les retours qu’il a du terrain, il estime qu’il y aurait autant de policiers favorables que défavorabl­es à cet équipement.

« Certains collègues restent méfiants et refusent que les bandes-vidéo soient utilisées dans des procédures disciplina­ires, surtout sous la forme d’extraits, On souhaite aussi que l’utilisatio­n de ce matériel soit plus encadrée, avec un module de formation et la mise en place d’un protocole. »

ajoute-t-il.

Déjà en place dans certains commissari­ats, avec plus ou moins de succès

Pour l’heure la direction départemen­tale de la sécurité publique n’a pas reçu d’informatio­n particuliè­re sur la date de livraison des caméras.

« Il semble que le ministère veuille aller assez vite. Tous les policiers seront ensuite équipés progressiv­ement »,

détaille leur patron, Ludovic Kauffman.

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