La ville est-elle sexiste ?
C’est dans le beau nouvel auditorium du lycée Saint-Exupéry, que Nathalie Coste a proposé de réfléchir sur « la ville » aux participants de l’Université Populaire du Mantois qui ont d’ailleurs été accueillis chaleureusement par le proviseur.
La ville serait faite par et pour les hommes. Pour les femmes, elle a été et reste
« [sa] deuxième maison » « un espace d’interdits et de peurs »
c’est ce qu’a développé et étayé l’oratrice. Quelques chiffres (Insee) parlent d’eux-mêmes : 25 % des femmes âgées de 19 à 29 ans ont peur dans la rue, 76 % des Françaises ont été suivies au moins une fois, 20 % sont injuriées au moins une fois par an, 10 % subissent des contacts physiques. Et cela ne date pas d’hier : Nathalie Coste rappelle que cet espace anxiogène l’était déjà au XIXe siècle et pour cause :
« Dans le Code Civil de 1804, les femmes sont considérées comme mineures, soumises à l’autorité du mari, elle est une propriété que l’on acquiert par contrat »
« La femme est obligée d’acheter un homme ou de se vendre aux autres. »
Victor Hugo : d’où ce mot de Mère ou putain.
Vers du mieux ?
Du coup, la ville sera occupée très différemment selon qu’on est homme ou femme. La conférencière a développé cet argument en montrant que la ville est pensée et aménagée par et pour les hommes qui sont ultra majoritairement présents à tous les postes clés de décision, notamment politique. Et que les femmes y développent des stratégies d’évitement de certains endroits comme les gares, les bars, certaines stations de métro, et des quartiers à certaines heures, et notamment la nuit.
Ainsi, le métro est fréquenté le soir par deux femmes contre huit hommes dans toutes les grandes villes de France. Elles veillent à leur habillement afin qu’il ne soit pas provocant. Elles privilégient aussi les sorties en groupes. Mais ça bouge !
Les jeunes surtout, veulent braver cet état des lieux et en conclusion, plusieurs pistes ont été explorées. Elles devraient permettre aux femmes de se réapproprier l’espace urbain. Comme à Paris par exemple, qui a élu une femme maire, ou grâce à la mobilisation d’associations et l’organisation d’actions de plus en plus nombreuses comme par exemple « l’empowerment » qui apprend aux femmes à se défendre physiquement et reprendre « le pouvoir ».
L’heure de débat qui a suivi a elle aussi été fructueuse, notamment grâce à des échanges avec Françoise Descamps-Crosnier, la députée présente dans la salle.