La construction de la bergerie fait polémique
Un couple de paysagistes veut faire construire une bergerie à Jambville, pour son activité d’éco-pâturage. Le projet fait grincer des dents à Oinville, le village voisin. Le maire et deux habitants ont attaqué le permis de construire au tribunal administr
L’aménagement d’une bergerie dans les hauteurs de Jambville ne fait pas que des heureux dans la commune voisine de Oinvillesur-Montcient. Le couple La Noé, qui dirige une entreprise d’entretien des espaces-verts, possède un hectare de terrain à Jambville, au sommet de la vallée de la Bernon. Depuis deux ans, cette parcelle, que seul un chemin sépare de Oinville, sert à Agnès et Frédéric à élever moutons et chèvres.
Des bêtes destinées à l’écopâturage, dans le cadre de leur activité professionnelle. Ils déploient ces animaux sur des terrains publics et privés, à la demande des collectivités et des entreprises, pour entretenir le gazon. Or, depuis le lancement de l’activité, leurs animaux sont abrités dans des installations précaires.
« Le soir, je m’occupe d’eux à la lampe frontale. L’hiver, je dois ramener 100 litres d’eau par jour, dans des bidons, explique Frédéric. Pour les naissances, il nous faut un lieu plus adapté. »
En limite de village
C’est pour cela que le couple a l’ambition de construire une bergerie sur le site, un bâtiment en bois de 615 m2, sur un peu plus de six mètres de hauteur, situé tout près du chemin qui fait office de frontière entre les deux villages. Ils ont obtenu le permis de construire le 6 octobre dernier. Leur démarche ayant recueilli, notamment, l’approbation des architectes des Bâtiments de France et du Parc naturel régional du Vexin.
Mais début décembre, après des recours gracieux infructueux auprès de la mairie de Jambville, deux riverains de Oinville-surMontcient, habitant à proximité du terrain des La Noé, ont attaqué le permis de construire au tribunal administratif pour faire annuler le projet.
Trois recours
Au motif, selon eux, que ce bâtiment, dont le coût est estimé à 100 000 euros, ferait tache dans le paysage de la vallée. La commune de Oinville en a fait de même, sur l’avis du conseil municipal.
Pour le couple de paysagistes, dont l’entreprise siège à Oinvillesur-Montcient, c’est l’incompréhension. « La bergerie serait moins haute que la plupart des pavillons du voisinage,
assure Frédéric, 42 ans. En plus, elle ne serait visible que des habitants de Jambville, qui n’ont rien trouvé à redire. » L’entrepreneur, qui estime qu’un tel équipement est vital à la survie de son activité, se sent « trahi » par la municipalité de
Oinville. « J’ai toujours vécu à Oinville, j’emploie trois salariés habitants le village. J’ai rencontré le maire à ce sujet quelques jours avant de recevoir l’assignation et il ne m’a même pas prévenu », s’indigne-t-il.
Le maire de Jambville ne comprend pas bien non plus la décision de son homologue oinvillois. « Ce permis a été instruit dans les règles et validé par l’ensemble des partenaires. Le projet a été étudié pour s’intégrer au mieux dans le paysage », indique l’élu, soulignant que cette vallée accueille déjà plusieurs fermes et élevages. La municipalité de Jambville s’est attaché les services d’un avocat pour se défendre dans cette procédure. Une alternative ?
« Cette bergerie est horrible pour l’intégration dans le paysage, à cause du mur de 48 mètres de long qui boucherait la vue sur la vallée », rétorque Stéphane Jeanne, maire de Oinville, qui confirme son soutien aux administrés à l’origine des recours. Il assure ne pas être opposé au projet, mais conteste le lieu choisi pour son implantation. « On a proposé une solution alternative aux La Noé, déplacer le bâtiment de plusieurs mètres. Ils ont refusé (le couple avance que l’implantation proposée par la commune, sur une pente, posait des difficultés techniques et esthétiques ndlr) », précise l’élu qui se retranche derrière « un
cône de vue », inscrit dans le
PLU, qui « protège les crêtes de la commune » de l’urbanisation. Le tribunal administratif tranchera !
Des animaux pour tondre le gazon