Khadija Moudnib : un « bébé Bédier » très critiqué
Le moins que l’on puisse dire c’est que Khadija Moudnib, la candidate choisie par la commission nationale de La République en marche, ne fait pas l’unanimité au sein des militants de Mantes-la-Jolie. On lui reproche principalement de faire partie du « système Bédier » et de ne pas s’être investie beaucoup durant la campagne de la présidentielle. « On ne l’a pas vu souvent sur le terrain, ni participer à l’organisation de la campagne. Depuis qu’elle est apparue tardivement comme adhérente d’En marche, elle a eu une attitude distante. Nous
ne la soutiendrons pas », lance dépitée la responsable de l’un des comités de Mantes-la-Jolie.
Un point de vue que partage en partie Christelle Bérenger, une ancienne militante du PS, candidate aux municipales sur la liste Mantes Autrement menée par Jean Bégué qui compte parmi les premiers soutiens du mouvement En marche ! dans le Mantois. Christelle Bérenger a créé le premier comité de Mantes-la-Jolie qui reste aujourd’hui l’un des plus importants en nombre de militants. Elle aussi le dit clairement : « Il est hors de question de soutenir
cette candidature ! ». Pour elle, comme pour beaucoup d’observateurs de la vie mantaise, Khadija Moudnib est trop proche du cercle de Pierre Bédier, le patron LR du Département, mais aussi du Mantois. Ces critiques, la candidate
investie n’en a cure. « Je ne condamne pas ceux qui me critiquent, ils sont d’ailleurs loin de représenter la majorité. Je ne réponds pas à ces critiques car je souhaite me concentrer sur la campagne. Mais si ces gens qui ont soutenu Emmanuel Macron sont cohérents, ils savent que l’on peut dépasser les luttes intestines. Ils changeront peut-être d’avis. Je les accueillerai avec grand plaisir. »
Conflit d’intérêts
Comme il l’a fait pour d’autres jeunes du Val Fourré à l’époque, il a introduit Khadija Moudnib en politique et l’a fait venir sur la liste LR et DVD menée par Michel Vialay où elle a obtenu ensuite un poste d’adjointe au maire. « La première fois que nous nous sommes rencontrées pour évoquer le développement du mouvement En marche ! dans le Mantois, elle a commencé par me vendre les mérites de Pierre Bédier en m’expliquant qu’il était un grand précurseur pour ce qui est de faire venir les gens de la société civile à la politique. J’ai trouvé cette entrée en matière étrange », rapporte Christelle Bérenger. Khadija Moudnib n’a pas oublié que c’est Pierre Bédier qui est venu la chercher. « Mon profil l’intéressait. J’étais d’accord avec le projet proposé. Mais je n’ai jamais été encarté. C’est la première fois qu’un parti me donne envie de m’investir et d’adhérer », affirme-t-elle. Occupée à travailler les réseaux, elle n’a pas effectué un travail de militant à proprement parler. « J’ai rejoint En Marche ! en janvier. L’annonce officielle en mars était un choix car ma visibilité importait peu à l’époque. Cela ne m’a pas empêché de travailler pour la campagne d’Emmanuel Macron. » À Mantes-la-Jolie, Khadija Moudnib a une étiquette qui lui colle à la peau celle d’un « bébé Bédier ». Pour ne rien arranger à deux reprises, la jeune femme s’est trouvée confrontée à des problèmes qui auraient pu s’apparenter à des conflits d’intérêts. En effet, la société qu’elle avait créé Format’Réussite, qui vendait du soutien scolaire, était financée depuis 2013 par les fonds publics de la réussite éducative, fonds attribués à partir d’avis de commissions dans lesquelles siégeait Khadija Moudnib. À l’époque, le maire Michel Vialay, lui aussi candidat dans la 8e circonscription, avait volé à son secours en promettant que « cette situation serait réglée ». Khadija Moudnib s’était défendue en expliquant que « son désengagement total dans sa société était en cours ». Quelques mois plus tard, c’est une subvention de 30 000 € versée par la ville à l’association Éduquer pour Réussir fondée par l’adjointe au maire qui a fait polémique.
Dans le contexte de moralisation et de transparence exigées par le président de la République, ces histoires pourraient faire désordre.