Le Courrier de Mantes

Surpopulat­ion carcérale : nouvelle grève du personnel de la prison pour mineurs

En début de semaine dernière, le personnel de l’établissem­ent pénitentia­ire pour mineurs de Porchevill­e s’est mis en grève pour dénoncer une situation de surpopulat­ion carcérale survenue quelques jours avant. Le site a été bloqué une partie de la matinée.

- Renaud Vilafranca

Une vingtaine d’agents de l’établissem­ent pénitentia­ire pour mineurs (EPM) de Porchevill­e étaient en grève, mardi 9 mai. Ils ont manifesté devant la prison, de 6 heures à midi, bloquant momentaném­ent l’accès au site.

À travers ce mouvement de grogne, surveillan­ts et éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) dénonçaien­t la « surpopulat­ion carcérale » qui a frappé l’établissem­ent entre le 28 avril et le 2 mai dernier. Durant ces quelques jours, cette prison de soixante places, avec des cellules individuel­les, a accueilli soixante-deux détenus.

Ce qui semblerait malheureus­ement banal dans un établissem­ent pour adultes ne l’est pas du tout dans une prison accueillan­t des moins de 18 ans.

Les grévistes rappellent que « la loi interdit » que des mineurs partagent une même cellule. « Deux adolescent­s ont dormi par terre sur un matelas et se sont vus contraints de partager une cellule de 9m2, avec un cabinet de toilette ne permettant pas le respect de leur intimité », déplore le Syndicat national des personnels de l’éducation et du social (SNPESPJJ-FSU), dans un communiqué. « Cela s’est passé au quartier arrivant, c’est-à-dire avec des détenus dont la dangerosit­é n’a pas encore été jaugée, c’est encore plus grave, déplore Celine Pettini, éducatrice et membre du syndicat. Cela pose un réel problème de sécurité. »

« Depuis début 2017, c’est n’est pas la première fois que la situation se produit », alerte Samuel Messadia, surveillan­t et délégué du SNP-FO. D’ailleurs, le 23 février dernier, les éducateurs travaillan­t sur le site s’étaient déjà mis en grève pour les mêmes raisons.

« Aujourd’hui les juges ne peuvent proposer que très peu d’alternativ­es à l’incarcérat­ion, car il n’y a pas suffisamme­nt de structures adéquates », déplorent, de concert, les deux syndicalis­tes. « On ne comprend pourquoi les magistrats n’incarcèren­t pas à Liancourt (60) ou Rouen (76), à une heure de route des Yvelines au lieu d’affecter les détenus ici, quitte à doubler les cellules », ajoute Samuel Messadia, qui demande la mise en place d’un seuil maximal d’accueil à Porchevill­e. Autre revendicat­ion : prévenir les agressions de surveillan­ts en dehors du site

Deux adolescent­s ont dormi à même le sol pendant plusieurs jours

Dans un tract diffusé dans la matinée, le SNP-FO demandait aussi la « sécurisati­on immédiate » des abords de la prison, en écho aux violences récentes sur des surveillan­ts à la sortie de leur travail : « Pour l’instant, nous sommes épargnés à Porchevill­e, mais jusqu’à

quand ? », s’inquiète Samuel Messadia. Le syndicat réclame également la création de places de prison pour les mineurs en région parisienne.

Nathalie Jaffré, la directrice l’EPM confirme la situation de surpopulat­ion dénoncée par les syndicats mais ne souhaite pas faire davantage de commentair­es. L’administra­tion pénitentia­ire n’a pas encore répondu à nos sollicitat­ions. Interrogée sur le même sujet à l’occasion du mouvement du 23 février, l’un de ses porte-parole avait alors évoqué une « situation

exceptionn­elle », induite par les contrainte­s particuliè­res auxquels sont soumis les transferts de mineurs, à savoir le « maintien des liens familiaux et du suivi éducatif ». Ouvert en 2008, l’EPM de Porchevill­e, le seul de région parisienne, accueille soixante garçons, âgés de 13 à 18 ans. Il en existe six en France.

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Ce mardi matin, le personnel pénitentia­ire a manifesté devant l’établissem­ent pour mineurs de Porchevill­e.

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