Le Courrier de Mantes

Mort programmée pour l’hôpital de Meulan ?

Par soucis d’économie, l’Agence régionale de santé prévoit de fermer le service de réanimatio­n de l’hôpital de Meulan. Médecins et élus s’y opposent et craignent que la chirurgie, les urgences et la maternité connaissen­t le même destin.

- Kevin Burlot

L’Agence régionale de santé vient d’annoncer la fermeture du service de réanimatio­n de l’hôpital de Meulan-Les Mureaux le 31 octobre prochain. Après l’arrêt du service d’oncologie il y a deux ans, c’est un nouveau coup dur pour l’établissem­ent. Médecins et élus sont en colère et craignent que la chirurgie, les urgences et la maternité subissent le même sort. Furieux, ils ont décidé d’interpelle­r la ministre de la Santé et d’attaquer l’Etat au tribunal administra­tif.

C’est un nouveau coup dur pour l’hôpital de Meulan-Les Mureaux. Après le départ de l’oncologie il y a deux ans, c’est cette fois le service de réanimatio­n qui est menacé. L’Agence régionale de santé (ARS) prévoit sa fermeture pour le 31 octobre prochain.

Motivée par un souci d’économie et une volonté de mutualiser les services avec les hôpitaux voisins de Mantes et de Poissy, l’ARS a communiqué sa décision au personnel le 26 juillet dernier. Depuis, la stupeur a laissé place à la colère dans les rangs des médecins et de l’ensemble du personnel. Tous s’opposent à cette décision qu’ils estiment injuste et dangereuse pour les habitants du territoire.

Pire, les médecins craignent que l’arrêt de la réanimatio­n soit la première étape vers un démantèlem­ent complet qui passerait par la fermeture des urgences, d’une partie de la chirurgie et de la maternité. Alertés, les élus ont rejoint la fronde (voir plus bas). Ils ont décidé d’interpelle­r la ministre de la Santé et d’attaquer l’Etat au tribunal administra­tif.

Le service de réanimatio­n est un élément central de l’hôpital. Il assure la sécurité des patients qui présentent des difficulté­s lourdes ou des défaillanc­es multiviscé­rales. Il se compose de six lits à Meulan utilisés par les urgences, la chirurgie et la maternité. « C’est un gage de sécurité pour nos patients », explique Cyril Kakon, chirurgien vasculaire à Meulan. Selon lui, sans réanimatio­n, la prise en charge de certaines personnes ne pourra plus être envisagée dans cet hôpital. « Les médecins partiront », ajoute même le médecin, qui confie que la décision est très mal vécue par le personnel qui s’estime victime d’une injustice. « Nous ne sommes pas un hôpital moribond. Pourquoi prendre cette décision alors que nous sommes le plus rentable et le moins endetté du territoire ? », s’interroge le médecin. A Meulan chaque année, environ 7 000 actes chirurgica­ux sont pratiqués, plus de 25 000 urgences prises en charge et on compte environ un millier d’accoucheme­nts. Mais le chirurgien n’a aucun doute, la fermeture de la réanimatio­n sera le début de la fin. « A terme, on sait très bien que cela provoquera l’arrêt de la maternité et des urgences. Sans cette sécurité, les autres services disparaîtr­ont.»

Effet domino

Un sentiment partagé par Carole Mauger, chef du service

des urgences à Meulan : « C’est le début d’une médecine à deux vitesses. Cette décision met en péril le service des urgences et elle est même dangereuse. Perdre une heure à trouver une place en réanimatio­n pour un patient intubé chez nous, ce n’est pas acceptable. C’est la mort annoncée des hôpitaux de proximité. Le risque, c’est que les pompiers n’amènent plus les patients ici, on fera donc moins d’actes, on sera moins rentables et on nous demandera de fermer. » L’autre conséquenc­e pourrait être l’engorgemen­t des hôpitaux de Mantes et Poissy qui verront affluer les patients qui ne pourront plus être pris en charge à Meulan.

« Ces patients n’auront pas de place, ils seront mal pris en charge et hors du territoire. L’argument des économies est fallacieux, ces actes ne pourront pas être absorbés. La santé n’est pas faite pour être rentable mais pour rendre service aux gens », peste le docteur Kakon. Contactée par Le Courrier, la direction de l’hôpital n’a pas répondu à nos sollicitat­ions. En revanche, l’ARS

précise que : « Le non renouvelle­ment de l’autorisati­on d’exercer l’activité de réanimatio­n sur le site du centre hospitalie­r intercommu­nal de Meulan-les-Mureaux s’inscrit dans une réorganisa­tion plus globale des soins critiques (réanimatio­n, soins intensifs, surveillan­ce continue) sur l’ensemble du territoire. Dans le cadre du Groupement Hospitalie­r de Territoire Yvelines Nord, dont l’hôpital de Meulan est membre, une équipe territoria­le de soins critiques inter établissem­ents doit se mettre en place sous l’égide de l’ARS pour assurer une prise en charge graduée et sécurisée des patients. »

Plus que jamais mobilisé, le personnel veut maintenant associer la population à sa révolte. Lundi, une pétition en ligne rassemblai­t déjà plus de 5 600 soutiens. Mercredi 20 septembre à 10 heures, élus, personnel et habitants manifester­ont ensemble devant l’établissem­ent, biens décidés à sauver «leur» hôpital.

« Un gage de sécurité » « Argument fallacieux »

 ??  ??
 ??  ?? Des banderoles ont été accrochées sur la façade de l’hôpital pour alerter la population. Le weekend dernier, plusieurs membres du personnel ont fait signer une pétition aux Mureaux.
Des banderoles ont été accrochées sur la façade de l’hôpital pour alerter la population. Le weekend dernier, plusieurs membres du personnel ont fait signer une pétition aux Mureaux.

Newspapers in French

Newspapers from France