Le Courrier de Mantes

Paroles d’ouvrières et cinéma du patron

Odette, Liliane et Jeanine, trois anciennes ouvrières de la filature Le Blan se sont retrouvées samedi sur les lieux de leur jeunesse, rue Camélinat. Et elles se sont souvenues !

- E.O.

Elles avaient 14 ans quand elles ont embauché à la filature. Aujourd’hui, fringantes octogénair­es - Janine est en jean ! - elles n’ont évidemment pas manqué le seul rendez-vous de la commune inscrit aux Journées du patrimoine : à l’occasion de la sortie du bel album réalisé par l’associatio­n La Machinerie, sur

« leur usine », fameux patrimoine industriel en pleine décrépitud­e qui jouxte l’Aforp. Odette Guyon (Tasserie à l’époque) a travaillé de 1947 à 1952, Liliane Dubois (Hommery) de 1959 à 1963 : elles ont connu quasiment le même parcours, « qui était celui de la plupart des ouvrières. On embauchait à 14 ans et on y restait jusqu’au mariage. Après on s’occupait de la maison et des enfants ».

Le patron filmait son usine

Sur les conditions de travail :

« C’était dur surtout à cause du bruit. Mais c’était une bonne usine. Y avait les copines. Ça marchait avec deux équipes du matin de 5 h à 14 h ou de l’après-midi. Pour l’équipe du matin, c’était dur de se lever et puis, il n’y avait pas vraiment de pause, on mangeait notre casse-croûte comme on pouvait sur la chaîne. »

Odette faisait aussi partie de l’équipe de basket de l’usine mais elle ne se verra pas dans le petit film qui montre justement les basketteus­es en plein match ! Jeanine, la troisième ancienne qui les rejoint, elle aussi, est rentrée à la filature « en 1957 après le certif’, aux bobines. J’ai arrêté à la naissance du fiston. Après j’ai retravaill­é mais à la Cello, à côté. Je me souviens que j’ai hésité avec Renault à Flins mais c’était loin. Je regrette un peu parce que j’aurai une meilleure retraite », conclutell­e en riant.

Présent aussi, Alain Janot, le petit-fils du dernier patron Raymond Janot qui a rejoint avec enthousias­me l’aventure de Marie Prat et la Machinerie : « J’ai retrouvé au grenier dans des cartons des films. Mon grandpère avait une caméra et a beaucoup filmé. Moi gamin, il m’a appris et du coup, c’est moi qui ai hérité de ces films. Je n’en ai rien fait jusqu’à ce que l’associatio­n me contacte et je m’en suis souvenu. J’ai

retrouvé vingt minutes sur la vie de l’usine (notamment avec Miss Coton sur le char du corso fleuri !), que j’ai numérisées et qui passent en boucle. » Des souvenirs de

l’usine, lui aussi en a : « Il y avait la colonie de vacances pour les enfants des ouvrières. Et c’était Kléber, le chauffeur de mon grand-père, qui emmenait les enfants trois par trois dans la traction du patron ! » Il se souvient aussi que son

grand-père était très attentif au bien-être du personnel : sur place il y avait une crèche et des bains-douches à la dispositio­n des ouvrières. Souvenirs, souvenirs ! On en a beaucoup brassé, samedi, entre les quelque 170 visiteurs qui se sont succédé. Et le livre, remarquabl­ement illustré (vendu 10 €, son prix de revient) est parti comme des petits pains si bien qu’un nouveau tirage en sera fait.

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Trois anciennes ouvrières se souviennen­t.
 ??  ?? Alain Janot, le petit-fils du patron, a retrouvé de précieuses images dans son grenier.
Alain Janot, le petit-fils du patron, a retrouvé de précieuses images dans son grenier.

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