L’historien Philippe Conrad fait revivre les 300 jours de Verdun
Historien, essayiste, rédacteur en chef de La Nouvelle Revue d’Histoire, Philippe Conrad était l’invité vendredi des soirées Berson pour évoquer la bataille de Verdun. Une bataille qui eut lieu du 21 février au 19 décembre 1916 et qui fit 362 000 morts côté français et presque autant côté allemand.
« Saigner à blanc »
Évoquant d’abord le contexte de cette guerre débutée en août 1914, Philippe Conrad montre que l’échec de la guerre de mouvement amène les belligérants à s’enterrer dans des tranchées sur un front de 700 km. Côté allemand, pour briser le front, le chef d’Etat-major Von Falkenhayn veut « saigner à blanc » l’armée française afin de la mettre définitivement à genoux, ce qui obligera l’Angleterre à négocier une paix de compromis favorable à l’Allemagne. Von Falkenhayn choisit Verdun, véritable saillant du front français vers les lignes allemandes, qu’il veut
« passer au hachoir ».
Le 21 février, ce sont 1 225 pièces d’artillerie allemandes qui se retrouvent face à seulement 271 côté français et qui vont cracher 1 million d’obus sur les lignes françaises. C’est la stratégie du « feu en roulement
de tambours ». Mais, si les premières heures de la bataille sont terribles pour les Français, ils trouvent tout de même la force de résister. L’enfer de Verdun a commencé. Joffre, le chef d’Etatmajor, charge alors Pétain de défendre Verdun avec l’ordre « de ne pas céder un pouce
de terrain. » Pétain comprend vite l’importance de renforcer le lien avec l’arrière pour permettre l’acheminement de renforts. La Voie Sacrée est née. Au plus fort de la bataille, ce sont jusqu’à 8 000 véhicules qui alimenteront le front quotidiennement. On connaît la suite. Verdun, c’est
« on ne passe pas ! ». Et finalement, les Allemands renoncent à prendre Verdun, moralement une victoire française.