Interpellation controversée : information judiciaire ouverte contre cinq policiers
La police des polices a bouclé son enquête sur les conditions dans lesquelles un jeune homme a été grièvement brûlé lors de son transport au commissariat de Mantes-la-Jolie en novembre dernier. Le résultat de ces investigations accrédite la thèse d’un accident plutôt que celle d’un acte volontaire.
Non assistance à personne en danger ?
Le parquet de Versailles vient en effet d’ouvrir une information judiciaire pour « blessures involontaires ayant entraîné une incapacité de travail supérieure à trois mois » contre cinq policiers se trouvant dans le fourgon. Elle a aussi ouvert une procédure similaire pour nonassistance à personne en danger « concernant les conditions de séjour au commissariat de la personne interpellée, contre toute personne que l’instruction déterminera », précise le ministère public dans un communiqué. L’enquête va maintenant être confiée à un juge d’instruction.
Le mardi 7 novembre, vers 16 h 45, un jeune homme de 27 ans se trouvant sur un parking du Val Fourré a été interpellé après avoir pris à partie une patrouille de police, selon les fonctionnaires présents sur place. Là, il se serait débattu, aurait appelé les passants à l’émeute, insulté les agents et même tenté d’en mordre un. Une procédure a d’ailleurs été ouverte à son encontre pour outrage, rébellion et détention de produits stupéfiants, quelques grammes de résine de cannabis ayant été trouvés en sa possession.
Lors de son transport jusqu’au commissariat de Mantes-la-Jolie, il aurait été plaqué contre un chauffage d’appoint, lui occasionnant des brûlures au deuxième et au troisième degré aux mains. En garde à vue, devant l’étendue des blessures, aggravées par son diabète, les pompiers avaient été appelés. Le jeune homme avait alors été hospitalisé pour la nuit à l’hôpital de Mantes-la-Jolie. Il avait dû subir plusieurs interventions chirurgicales les jours suivants.
Le jeune homme livre, lui, une version radicalement différente. Il déclare avoir suivi sans opposer de résistance les policiers jusqu’au fourgon pour un simple contrôle d’identité. C’est là qu’il aurait été poussé dans le dos, puis frappé par les fonctionnaires, avant d’être plaqué contre le radiateur. Il affirme avoir supplié, en vain, les agents de police de le relâcher car il ressentait d’intenses douleurs. Il les accuse également de l’avoir traité de « sale négro ». Il a déposé plainte contre X.
Me Calvin Job, l’avocat du jeune homme, se « réjouit » de l’ouverture d’une information judiciaire, mais regrette que ce soit pour blessures involontaires.
« Les policiers l’ont entendu dire qu’il était malade mais pas qu’il avait mal. C’est étrange, réagit-il. On mettra tout en oeuvre pour faire requalifier les faits en violences volontaires aggravées et injures à caractères racistes. »