Le Courrier de Mantes

Les premiers pas de Raphaël Cognet

À 38 ans, Raphaël Cognet est désormais aux commandes de Mantes-la-Jolie. Ce travailleu­r acharné se définit comme un homme proche des gens et à leur écoute. Interview.

- Propos recueillis par Céline Evain

Élu le 18 décembre, Raphaël Cognet a pris la succession de Michel Vialay à la mairie de Mantesla-Jolie. Projets et style de gouvernanc­e : le nouveau maire dévoile ses ambitions pour la ville. Il promet d’être proche de ses concitoyen­s. Interview.

Le Courrier de Mantes. Vous êtes maire de Mantes depuis le 18 décembre. Comment vous sentez-vous dans vos nouveaux habits ? Raphaël Cognet. Je me sens bien ! Je connais bien la ville puisque j’y ai travaillé pour le député Pierre Bédier puis pour Michel Vialay entre 2005 et 2009. Je suis adjoint depuis 3 ans, donc je ne découvre pas les dossiers. Pour l’heure, je fais en sorte de me familiaris­er le plus vite possible avec les dossiers importants et je suis bien entouré. Je reste en contact avec Michel Vialay pour la transition, mais je dirais que je découvre cette fonction avec beaucoup de plaisir et de curiosité. On sait que Pierre Bédier vous a fait grandir en politique et que vous lui devez beaucoup. Comment comptez-vous vous émanciper ?

Je suis arrivé ici parce que je travaillai­s pour Pierre Bédier. Une grosse partie de ma vie politique s’est déroulée sur le canton, et au conseil municipal de Limay où j’étais complèteme­nt autonome. Donc je me sens redevable et à l’écoute des conseils qu’il me donne, mais parfaiteme­nt libre dans ma gestion quotidienn­e de la mairie. Pierre Bédier est là pour m’accompagne­r, pas pour me coacher. Avant de devenir maire de Mantes, vous aviez de nombreuses activités. Comment réussissez-vous à vous organiser ?

Je dors peu et je travaille beaucoup et ce, depuis très longtemps. J’ai réduit mon activité profession­nelle et suis passé à temps partiel car il était indispensa­ble de dégager du temps pour la mairie. Je ne suis donc plus que deux jours par semaine au Conseil économique et social pour le Médef. Le reste du temps, je suis en mairie. Les autres activités sont des complément­s à ma fonction d’élu, c’està-dire qu’en tant que président des Résidences ou de la Mission locale, je ne suis pas tenu de prendre des décisions tous les jours. Mais je tiens à conserver ma fonction de président-directeur-général d’Inneos car je souhaite conserver un pied dans le monde économique. Le but n’est pas d’accumuler des fonctions mais d’avoir de l’influence. Pas pour moi… pour la ville. Vous avez 38 ans, vous n’avez jamais été élu sur votre nom et pourtant, vos pairs vous ont choisi pour devenir maire. Éprouvez-vous un sentiment de légitimité ou avez-vous le sentiment de vous être trouvé au bon endroit, au bon moment ?

La question de la légitimité, je ne me la pose pas. En revanche, je ne suis pas celui qui a conduit la liste aux élections de 2014. Les Mantais nous ont élus sur une feuille de route qui reste inchangée. Au sein du groupe majoritair­e, tout le monde aurait pu être candidat. J’imagine que si les 35 conseiller­s municipaux du groupe m’ont fait confiance, c’est que je suis légitime et qu’ils pensent que je suis à présent apte à occuper ces fonctions. Vous prenez la tête de la mairie à mi-mandat, contraint, comme vous l’avez dit dans votre premier discours « de continuer à dérouler la feuille de route » de Michel Vialay. Dans ces circonstan­ces, quelle empreinte allez-vous réussir à laisser ?

Il y a la feuille de route, et il y a le style. La feuille de route est gravée dans le marbre parce qu’elle a reçu une onction démocratiq­ue. Elle s’impose à nous pour six ans. Mais elle dépend aussi des contingenc­es extérieure­s. Si demain par exemple, les dotations continuent de baisser, il faudra être capable de nous adapter. Ensuite, il n’échappe à personne que Michel Vialay et moi-même avons des convergenc­es idéologiqu­es fortes, mais nous avons des styles différents. Je suis plus jeune que lui, peutêtre plus proche de tout ce qui se fait maintenant en termes de communicat­ion numérique, peut-être plus connecté. Ce style-là me permettra d’imprimer ma marque. Vous avez dit vouloir utiliser une autre méthode que celle employée jusqu’à présent. Que va être la méthode Raphaël Cognet ?

La méthode Raphaël Cognet, sans l’opposer à la précédente, c’est d’être proche des gens, de ne pas leur dire forcément ce qu’ils ont envie d’entendre mais ce que l’on peut faire. C’est aussi être capable de corriger d’éventuelle­s décisions en fonction de ce que l’on ressent sur le terrain. On dit de moi que je suis une personne à l’écoute, et capable de changer d’avis en cas de problème. Depuis mon élection, je suis très présent dans les événements de la ville, et je vais rencontrer les gens là où ils sont : dans les commerces du centre-ville, sur le marché, à la Mission locale, je vais aussi faire du porte-à-porte, accompagné de mes adjoints pour aller me présenter. Être au contact, c’est la partie du travail qui me plaît le plus. Quel est l’avenir du site Dunlopillo ?

C’est un projet à mener sur le long terme, qui dépend aussi de l’avenir du quartier de Gassicourt où les gens se sentent un peu délaissés. Gassicourt est la dernière réserve foncière de la ville. Il faut réfléchir à un futur aménagemen­t pour qu’il soit un lien utile entre la Seine et la ville. Le projet de constructi­on de marina reste dans les hypothèses, mais avant d’évoquer l’aménagemen­t de ce site, nous devons penser au secteur Braunstein-Croix-Ferrée pour lequel nous avons de grandes ambitions. Le Cours des Dames continue de piétiner au niveau commercial. Quand ces cellules seront-elles occupées ?

Nous avons eu plusieurs discussion­s extrêmemen­t franches avec les propriétai­res pour leur expliquer que les loyers proposés étaient prohibitif­s et découragea­nts, 30 % trop chers par rapport au marché. Nous avons refusé beaucoup de projets qui n’étaient pas qualitatif­s. D’ici six mois, les Mantais s’apercevron­t que la majorité des cellules aura été commercial­isée. Il y aura un ou deux projets innovants, car ce quartier constitue le lien entre le cinéma et le centre-ville. Cela doit être un lieu convivial et attractif. Le projet de piétonisat­ion d’une partie du centre-ville ne semble pas recueillir l’assentimen­t d’une partie des commerçant­s et des Mantais. Pensez-vous que ce projet suffira à relancer le commerce de centre-ville, qui va se retrouver bloqué entre, d’un côté, l’Open Sky à Buchelay, et de l’autre, l’agrandisse­ment annoncé de Marques Avenue ?

D’abord, Open Sky ne sera pas concurrent du centre-ville de Mantes puisque nous nous sommes mis d’accord avec le promoteur-constructe­ur pour faire en sorte qu’aucune enseigne du centre-ville ne déménage vers Open Sky dédié majoritair­ement à l’équipement de la maison. Sur la piétonisat­ion, nous réfléchiss­ons à l’ouverture du centre-ville aux piétons pour permettre aux gens qui viennent consommer à Mantes, de déambuler dans la rue en réduisant la place de la voiture. Des études sont en cours pour savoir si on piétonise totalement, partiellem­ent, à quel moment, etc. Il ne s’agit pas d’empêcher les gens de rentrer dans le centre-ville, mais de leur permettre d’y venir, de s’y garer, d’en sortir et entretemps, de laisser leur voiture. Les associatio­ns de commerçant­s, les commerçant­s, les habitants seront consultés. Quelles décisions seront prises concernant les rythmes scolaires ?

En septembre dernier, nous n’étions pas prêts à changer les choses. Nous n’aurions pas réussi à accueillir les élèves dans de bonnes conditions, avec des rythmes nouveaux. Nous souhaitons repasser à la semaine de 4 jours, mais nous devons encore évoquer les modalités avec les associatio­ns sportives. Mais le gouverneme­nt doit aussi nous dire comment cela va se passer financière­ment et ce qui va être décidé pour les mercredis. Le Mantois n’attire plus depuis longtemps de grosses entreprise­s. Comment, selon vous, ce territoire peut-il devenir plus attractif ?

Nous devons d’abord être prêts pour l’arrivée du RER. Il va nous fournir un argument très fort pour attirer des entreprise­s. Grâce à la communauté urbaine, on raisonne à une autre échelle, sans concurrenc­e entre nous. La taille de la communauté urbaine nous permet d’avoir une vraie stratégie de marketing territoria­l. On a souffert des vagues de désindustr­ialisation, mais ces nouvelles infrastruc­tures nous permettron­t de mettre en avant nos atouts : le RER, la Seine et l’autoroute. Tous les maires se plaignent des lenteurs et des lourdeurs de l’administra­tion de GPS&O. Comment Mantesla-Jolie travaille-t-elle avec la communauté urbaine pour conserver l’efficacité de son action au quotidien ?

Il y a deux ans, GPS&O n’existait pas. Oui, il y a des lenteurs et des lourdeurs, et oui, il y a des dossiers que nous voudrions voir arriver plus vite en haut de la pile. Mais avec Philippe Tautou, nous sommes sur la même longueur d’onde : on veut une communauté urbaine au service des communes. Nos raisonneme­nts sont municipaux et il est difficile de se projeter à l’échelle d’un tel territoire. En tant que maires, notre priorité d’action concerne nos communes et du coup, on a du mal à se projeter sur un territoire plus vaste. À Mantes, on croit à la communauté urbaine, on joue le jeu mais pour nous, GPS&O, c’est d’abord le développem­ent économique. Malgré toutes les politiques menées depuis 20 ans, la situation économique des habitants du Val Fourré reste toujours difficile, comme l’a d’ailleurs récemment rappelé Pierre Bédier en conseil communauta­ire de GPS&O. À votre niveau, quels leviers pouvez-vous actionner pour faire en sorte de combattre la précarisat­ion et la paupérisat­ion de ces habitants ?

L’ANRU, bloqué depuis 5 ans doit être absolument relancé. Ensuite, il y a le gigantesqu­e problème de formation des jeunes. On a trop de jeunes qui n’ont pas de diplômes ou des diplômes qui ne correspond­ent pas aux besoins du marché du travail. Je pense que ce qui résoudra tout cela, c’est le développem­ent économique. On aura gagné la bataille quand des entreprise­s viendront s’installer à Mantes et embauchero­nt des Mantais. Lutter contre la précarisat­ion, c’est agir sur les effets urbains, la formation et l’emploi. L’immense majorité des jeunes du Val Fourré ont les mêmes objectifs que tous les jeunes : travailler, fonder une famille, acheter un logement. Mais comme ils n’ont pas eu les mêmes chances au départ, il faut faire en sorte de rattraper le retard de ces accidents de la vie. Limay s’est ouvertemen­t positionné­e pour devenir ville test dans le cadre de la police de sécurité du quotidien, promise par Emmanuel Macron. Qu’en est-il de Mantes-la-Jolie où les affronteme­nts entre la police et les jeunes dans le quartier du Val Fourré sont réguliers ?

Mantes va être candidate. Si la police du quotidien nous permet d’obtenir plus de moyens, il n’y a pas de raison de s’en priver. Je suis un maire pragmatiqu­e. Tout ce que le gouverneme­nt proposera et qui pourra nous aider, nous le prendrons. Serez-vous celui qui conduira la liste aux élections municipale­s de 2020 ?

On est à mi-mandat, il est trop tôt pour le dire. Le plus probable, c’est que cela soit le maire en place qui conduise la liste. Mais le moment venu, si tout se passe bien, je serai candidat.

Conseillé, mais pas coaché « Être au contact : la partie qui me plaît le plus » Retour à la semaine de 4 jours

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Raphaël Cognet a été élu maire de Mantes-la-Jolie le 18 décembre dernier.

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