Jean-Paul David, le maire omnipotent des « Trente Glorieuses »
Jean-Paul David (1912-2007) a été le maire de Mantes-la-Jolie entre 1947 et 1977. Député de Seine-et-Oise (1946-1962) et créateur du District urbain de Mantes (intercommunalité fondée en 1966), il aura marqué l’histoire du Mantois et du département des Yvelines, dont il présida l’Union des maires de 1967 à 1977.
Cette longévité dans le paysage politique masque cependant des élections parfois étriquées, voire chanceuses, à l’issue de campagnes mouvementées face à des oppositions déterminées, qu’elles viennent de gauche ou de droite.
En 1947, à Mantes-la-Jolie, le premier défi est celui de la reconstruction du centre-ville et de la réponse à apporter à la demande de 3000 familles aspirant à obtenir un logement.
Trente ans plus tard, à l’issue du dernier mandat de Jean-Paul David, la population de Mantesla-Jolie est passée de 13000 à 45000 habitants. Le projet du Val Fourré (5780 logements, puis 7 500 en 1971) initié à la fin des années 1950 n’y est pas étranger.
La construction de nombreux équipements structurants a accompagné cette explosion démographique : écoles, stade, gymnases, hôtel de ville, pont, piscines, lycée, collèges, patinoire, hôpital, centres sociaux, bibliothèque, assainissement, société d’aménagement, intercommunalité…
Jean-Paul David avait l’art de contrôler étroitement tous les réseaux — économiques, politiques, associatifs, sportifs — et un sens de la communication en avance sur son temps (journal municipal, colloques municipaux, campagnes électorales…). Devenu un temps le propriétaire du Courrier de Mantes, il n’hésitait pas à se servir des colonnes du titre local pour glorifier son action à travers un éditorial et une dizaine de photos deux fois par semaine (le journal était alors bihebdomadaire, N.D.L.R.). Il proposa même au conseil municipal de nommer le stade à son nom ! Ce qui fut fait.
Outre son mandat parlementaire, le maire de Mantes-la-Jolie a été également un homme politique d’envergure nationale pendant la IVe République comme président d’un groupe parlementaire charnière de 50 à 100 députés et animateur de Paix et Liberté (fondée en 1950, dissoute en 1956), une officine anticommuniste radicale aux moyens financiers illimités (journaux, brochures, meetings, affiches dans tout le pays, émissions de radio, plastiquages de locaux…).
Son opposition frontale avec le régime gaulliste de la Ve République mit prématurément un terme à sa carrière nationale. Il perdit son mandat de député dès 1962 face à un gaulliste, et ancien sous-préfet du Mantois, puis son écharpe de maire en 1977 face à la liste d’union de la gauche. Ses tentatives ultérieures pour reprendre le pouvoir furent toutes des échecs. Il s’est éteint en 2007 dans sa 95e année.
Contrôle et communication
Il a connu son heure de gloire nationale