Le bac de l’Île-l’Aumône envoyé par le fond après un accident avec une péniche
La Seine, voie de communication majeure entre Paris et la Manche, a connu au siècle dernier une activité intense au niveau de la circulation de bateaux à vapeur, péniches et autres remorqueurs…
La société laitière Maggi était locataire de l’Île-l’Aumône, où paissaient des troupeaux. Des étables y avaient été installées. La famille du fermier Guy Penou habitait sur l’île et exploitait le pâturage. Pour les besoins de l’exploitation, un bac avait été installé entre l’île et le quai de la Tour.
Laiteries Maggi et ferme Penou
La propulsion du bac s’opérait par treuil, sous l’action du courant frappant la paroi de l’embarcation. Une poulie aérienne, à laquelle le bac était relié, roulait sur un fil tendu entre deux pylônes édifiés sur les berges. Lorsque le bac quittait une rive, il devait gagner l’autre sans s’arrêter.
Dans la matinée du 15 janvier 1937, après la traite, Guy Pernou (47 ans) et son fils André (18 ans) transportent, à l’aide du bac, le lait destiné à la clientèle mantaise. Ils vont récupérer par la même occasion des marchandises entreposées à la laiterie.
Venant de la direction de Dennemont, un vapeur, l’Alisée, remonte le fleuve en suivant la rive de l’île. En face, deux péniches quittant le quai commencent une évolution pour se placer dans le sens du courant qu’elles doivent descendre. Les Penou père et fils se hâtent, il leur faut passer avant l’Alisée.
Mais les arbres de la rive, légèrement courbés à cet endroit, ne leur permettent pas d’apercevoir le groupe de deux péniches Clio et Calliope vides, qui descend rapidement la Seine en crue.
Ces deux dernières, gênées par les manoeuvres des différents bateaux, tiennent le milieu du fleuve et ne peuvent apercevoir le bac à temps pour l’éviter.
Miracle sur la Seine
Abordé en plein travers, le bac est envoyé par le fond et les deux occupants projetés dans l’eau glaciale. Tous deux coulent. Quand le fils revient à la surface, il parvient à empoigner son père. Les deux hommes s’agrippent aux cordes qui ont été lancées d’une des péniches. Les mariniers recueilleront finalement les deux baigneurs involontaires, sains et saufs.
Le service de navigation entreprit des sondages pour repérer l’endroit où avait pu être entraînée la carcasse du bac. Ce dernier n’a pas semblé gêner la poursuite des transports fluviaux.
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