Le Courrier de Mantes

Expédition punitive et déchaîneme­nt de violence au lycée : trois jeunes condamnés

- • F. D.

Un violent coup de poing en plein visage. Un lycéen qui tombe au sol, avant d’être roué de coups de pied, principale­ment à la tête. Ces images diffusées le 15 février ont laissé planer un silence glacial dans le tribunal de Versailles.

Dans le box, deux des trois prévenus ne laissent paraître que peu d’émotions. Le dernier passe rapidement sa main sur ses yeux rougis. « Vous ne pouvez pas savoir comme je regrette amèrement », assure le jeune homme de 20 ans.

Un nez cassé deux jours plus tôt

En comparutio­n immédiate, le trio doit répondre d’une intense scène de vengeance qui s’est déroulée le 9 février au lycée des métiers Louis-Blériot de Trappes.

Il est 16 h 35 ce vendredi lorsque des élèves quittent l’établissem­ent. Le trio se présente à la porte. « Dépêche-toi grosse pute d’ouvrir où on brûle ta voiture », lance l’un à la surveillan­te.

Un coup de pied dans la grille et deux d’entre eux s’engouffren­t dans le sas d’accueil. Le dernier empêche la fermeture. Quelques secondes plus tard, un adolescent de 16 ans se retrouve au sol. Dans un très court laps de temps, il a subi un déchaîneme­nt de violences dont on ignore aujourd’hui les conséquenc­es. Il doit prochainem­ent passer un scanner. La bande, elle, a pris la fuite.

L’enquête va très rapidement évoluer. Avec l’aide de plusieurs témoignage­s, mais également le soutien de la reconnaiss­ance faciale des images de vidéosurve­illance. Le 14 février, trois jeunes sont arrêtés. Et l’histoire de ce qui s’apparente à une vengeance se dessine.

Deux jours plus tôt, l’adolescent de 16 ans s’est battu avec un autre jeune. Ce dernier a eu le nez cassé. Son frère, son cousin et un ami ont donc décidé d’aller demander des comptes. Sans savoir que la direction du lycée avait déjà engagé une procédure pour réunir les deux familles.

« De base, on devait partir à la salle de sport. De base, on voulait lui parler. Après, il s’est passé ce qu’il s’est passé, résume celui qui tenait la porte. La surveillan­te, personne ne l’a insultée. On lui a demandé de façon normale. »

Celui qui a mis la première « patate » évolue dans les mêmes explicatio­ns. « J’étais dans la démarche de discuter jusqu’à ce qu’il me manque de respect. Il m’a dit d’aller me faire foutre. Je me suis emporté. Après, on est allés à la salle de sport. »

Six et dix mois de prison en semi-liberté

De quoi faire tiquer la juge. « Vous ne vous étiez peut-être pas assez dépensé », ironise la magistrate. « Non, ce n’est pas ça… En vrai, j’ai arrêté la séance de sport car je pensais à ce que je venais de faire. Je regrettais. Mais je ne lui ai pas mis un coup de poing. C’était une gifle avec le plat de la main. Et il est tombé. »

Le frère de celui qui a eu le nez cassé enchaîne. « Je voulais savoir qui avait tort. Je lui ai mis des coups de pied au sol car il m’avait insulté. Et puis, la surveillan­te, elle a ouvert volontaire­ment. » « Mais bien sûr, rétorque la présidente. Cette dame a certaineme­nt fantasmé de s’entendre traiter de reine des putes. »

Pour le procureur de la République, l’intrusion dans l’établissem­ent et les violences ne sont pas admissible­s. « Les enceintes scolaires doivent être de véritables sanctuaire­s. Personne n’est venu pour discuter, mais bien pour se venger. Comme au far-west… On le tape, on lui écrase la tête comme un ballon de foot… Les vidéos montrent bien un état d’énervement absolu. »

Contre celui qui a tenu la porte, le magistrat réclame quatre mois de sursis. Pour les deux autres, il demande six mois aménageabl­es et dix mois d’incarcérat­ion, révocation d’un sursis comprise.

Longuement, le tribunal délibère sur la décision à prononcer. Le premier se voit infliger 175 heures de travail d’intérêt général. Les deux autres écopent de 6 et 10 mois de prison sous le régime de la semi-liberté. En peines complément­aires, les juges ont prononcé une interdicti­on de contact avec la victime pendant trois ans. Pendant la même durée, le trio ne pourra plus se rendre près de l’établissem­ent, ni même dans la rue LéoLagrang­e. « Je suis si désolé », lance l’auteur du premier coup avant d’être ramené en geôle.

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