Une hache laissée sur une voiture de police
« À défaut d’agir ». Ce message était inscrit sur une hache. Elle-même était posée sur le capot d’un fourgon de police, à Poissy. De quoi largement inquiéter les effectifs de nuit qui l’ont découverte lors de leur prise de service, le mercredi 7 février dernier.
Qui a déposé un tel objet sur le véhicule des fonctionnaires ? Et pourquoi ? Ces questions ont trouvé leur réponse lors de l’audience correctionnelle du jeudi 15 février. Dans le box, un jeune homme de 19 ans, plutôt athlétique dans un polo vert pâle, pose ses mains sur la rambarde devant lui.
La voix assurée, il confirme : « Cette hache, je l’ai achetée dans un magasin de bricolage, le dimanche juste avant. C’était pour apaiser mes idées. Elle est restée jusqu’au mercredi dans mon véhicule. Puis je l’ai déposée pour me décharger mentalement et physiquement. »
Une condamnation de neuf mois avec sursis
Tout cela, le prévenu l’a même raconté au Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) qui le suit pour son bracelet électronique depuis novembre 2023. C’est même ainsi qu’il a été retrouvé.
Ses idées… Le tribunal s’en inquiète, craignant un passage à l’acte. « Je suis d’accord. Le simple fait de l’acheter, c’est déjà trop. » « En effet, car ce n’est pas un bouquet de fleurs que vous avez déposé », rétorque le juge.
« Son utilité n’était pas contre les policiers, mais plutôt leur matériel, explique le mis en cause. C’est pour cela que j’ai écrit dessus “À défaut d’agir”. Tout ce que je fais, c’est pour apaiser ma colère, en agissant. Je vais toujours au bout de ce que j’entreprends. Ma situation m’emmène droit dans le mur. Et depuis toujours. »
Le jeune homme admet des points de réussite, comme le baccalauréat qu’il a déroché avec mention très bien. « Mon problème, ce sont les pulsions, ce qui se passe dans ma tête », analyse-t-il en pointant du doigt son crâne presque rasé à blanc.
Cette instabilité ressort dans son activité professionnelle. « J’ai deux BTS. En un an, j’ai eu une dizaine d’emplois. Je n’arrive pas à me stabiliser. » Le jeune homme assure qu’il n’ira jamais plus loin. Et il ne cille pas lorsque le procureur de la République requiert huit mois d’incarcération.
Les juges ont finalement prononcé une peine de neuf mois avec sursis. « Nous y ajoutons l’obligation de suivre des soins psychiatriques renforcés. C’est impératif. Vous avez besoin d’aide. » Le prévenu a acquiescé.