Le Courrier de Mantes

Couteau sous la gorge, un adolescent se fait dépouiller dans la rue

- • Renaud Vilafranca

Une petite bande d’adolescent­s, dont la violence n’a d’égal que la désinvoltu­re avec laquelle leur méfait a été commis, comparaîtr­a prochainem­ent devant la justice de Versailles. Il leur est reproché d’avoir, le mardi 5 décembre 2023 en plein après-midi, racketté un garçon de leur âge dans une rue du centre-ville de Mantes-la-Jolie. Pour la dépouiller de ses objets de valeur, ces gamins de 16 ans avaient placé un couteau sous la gorge de la victime. Glaçant.

Le jour des faits, un adolescent se présente en fin d’après-midi au commissari­at et livre le récit de la mauvaise rencontre effectuée quelques heures plus tôt, square Brieussel-Bourgeois, juste à côté de la mairie.

Il raconte au plaintier avoir été abordé, vers 15 heures, par deux individus qui proposaien­t de lui vendre sous le manteau des cigarettes électroniq­ues jetables. Des « puff », très en vogue chez les plus jeunes et bientôt interdites à la commercial­isation.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Sauf que quelques minutes plus tard, à une centaine de mètres de là, le duo revient à la charge, au niveau de la rue de Champagne. Le sourire commercial a disparu des visages, l’heure n’est plus au marchandag­e.

L’un des deux mis en cause lui place donc un Opinel au niveau de la carotide, lui intimant l’ordre de donner « tout ce qui coûte cher ». Téléphone portable, carte de transport, carte bancaire, 50 € : la victime vide ses poches… Et remet même son blouson. Avant d’être contrainte d’échanger ses baskets avec celles de l’un des agresseurs. Leur forfait accompli, les racketteur­s s’évanouisse­nt dans la nature.

L’exploitati­on de la vidéosurve­illance permet d’identifier un suspect, un adolescent de 16 ans, inconnu des services de police et domicilié à Mantes-laJolie. Le 23 janvier au matin, il est interpellé chez lui et placé en garde à vue.

La paire de baskets et le blouson ont été retrouvés lors de la perquisiti­on de sa chambre. Durant son audition, l’apprenti-voyou passe aux aveux et balance son complice. Il précise aussi que le smartphone dérobé avait été revendu 45 € à un inconnu, via le réseau social Snapchat.

Il est remis en liberté, le temps que l’enquête prospère, puis replacé en garde à vue avec son compère le 13 février. Les investigat­ions laissent penser que l’extorsion a été commandité­e par ce second garçon, âgé de 16 ans également et déjà connu des fichiers de la police.

Un troisième larron, un Mantais de 17 ans qui, lui, n’avait eu jamais affaire aux forces de l’ordre, a été interpellé le même jour, soupçonné d’avoir joué un rôle secondaire dans cette affaire.

Dans le foyer de Juziers où loge le chef présumé de la bande — celui qui aurait tenu le couteau —, les enquêteurs ont mis la main sur des écouteurs sans fil et un téléphone à la provenance douteuse.

Le 20 décembre 2023, il a d’ailleurs fait l’objet d’une procédure pour port d’arme prohibé. Il s’agissait… d’un Opinel. Cuisiné par les policiers, il a nié toute implicatio­n dans cette agression, malgré des images de vidéosurve­illance accablante­s.

De son côté, le troisième suspect a admis avoir rejoint ses copains pour utiliser la carte bancaire de la victime. Quant au premier, celui qui avait dénoncé son complice, il a fini par revenir sur ses déclaratio­ns lors de la confrontat­ion, se disant finalement étranger à toute cette histoire, sans vraiment convaincre.

Les trois ados ont été remis en liberté en attendant leur passage devant la justice.

Téléphone, blouson, baskets…

Un suspect identifié un mois et demi plus tard

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