Benjamin Lucas : « Rien ne me fera taire »
Benjamin Lucas a annoncé en début de semaine dernière qu’il était visé par une plainte « pour injure publique » émanant du média « de la droite conservatrice » Boulevard Voltaire. Un tweet d’octobre 2022 du député est en cause. Le torchon brûle.
❝ Il y a des limites au combat politique, celles de l’injure et de la calomnie. » GABRIELLE CLUZEL Directrice de la rédaction de Boulevard Voltaire
❝ J’assume toujours mes propos. » BEJAMIN LUCAS
Benjamin Lucas, le député Nupes et Génération.s de la 8e circonscription des Yvelines, est visé par une plainte du média web Boulevard Voltaire. C’est le parlementaire lui-même qui l’a révélé, mercredi 28 février, dans une publication postée sur ses réseaux sociaux. Un texte en forme de tribune et titré « La fachosphère ne me fera pas taire ». Il raconte que, la veille, il lui « a été remis à [son] domicile par des fonctionnaires de police un avis préalable à une mise en examen automatique en matière d’injure publique ».
« Une grossière tentative d’intimidation »
La procédure cible un tweet d’octobre 2022 dans lequel l’intéressé répondait « à une attaque du site à mon encontre après que j’ai exposé à l’Assemblée nationale ma proposition de “Taxe antiZemmour”, visant à prohiber sur nos écrans l’expression de personnalités condamnées pour incitation à la haine ». « J’avais qualifié Boulevard Voltaire de torchon complotiste. À la réflexion, je trouve cette qualification modérée au regard de ce que diffuse ce site. »
Dans ce fameux tweet, daté précisément du 6 octobre 2022, Benjamin Lucas répondait en réalité à Sébastien Chenu, député et vice-président du Rassemblement national. L’élu de la Nupes avait qualifié plus tôt le RN « de parti d’extrême droite héritier de Pétain » : « Pour me répondre, [Sébastien Chenu] reprend Boulevard Voltaire, un torchon complotiste… d’extrême droite, condamné en 2014 pour provocation à la haine envers les musulmans. Pas mieux. »
La reprise évoquée par le député yvelinois renvoie à un article de Boulevard Voltaire du 4 août 2022. Son titre : « Les Tlops des députés en ce premier mois dans l’Hémicycle ». Le tlop, un néologisme issu de la contraction de top et flop, était employé par Boulevard Voltaire pour qualifier l’action de quatre parlementaires de la Nupes à travers des mini portraits au vitriol. Benjamin Lucas y côtoie Sandrine Rousseau, Louis Boyard et David Guiraud. Que peut-on y lire ? En substance ceci : « Benjamin Lucas, successeur du LR Michel Vialay, n’a pas particulièrement brillé sur les bancs de l’Hémicycle, mais n’hésite pas à monter sur le ring des plateaux [de télévision]. »
« Les chantres du “on ne peut plus rien dire” veulent donc jouer aux censeurs, poursuit le député yvelinois dans sa publication du 28 février. Cet écosystème réactionnaire prétend défendre sa liberté d’expression, mais combat en réalité sans relâche celle de tous les autres (…). »
Benjamin Lucas qualifie « la plainte et la procédure choisie » de Boulevard Voltaire de « grossière tentative d’intimidation ».
Contacté, Boulevard Voltaire a répondu au Courrier de Mantes par la voix de Gabrielle Cluzel, sa directrice de la rédaction. « Le député Benjamin Lucas a attaqué très violemment notre média (…) et les journalistes qui y travaillent, souligne la journaliste, par ailleurs chroniqueuse sur CNews. Pour la réputation de BV, par égard pour notre équipe et son travail au quotidien, par respect de la vérité aussi, nous ne pouvons accepter d’être qualifiés de “torchon” et de voir notre ligne politique accusée sans la moindre preuve de complotisme. »
« Que Monsieur Benjamin Lucas ne nous lise pas, c’est son droit, qu’il salisse un média d’opinion qui tente de faire son travail le plus professionnellement possible, cela ne nous paraît ni acceptable, ni respectueux, ni vrai, ni sain dans une démocratie, ajoute Gabrielle Cluzel. Il y a des limites au combat politique, celles de l’injure et de la calomnie. »
Il y a peu de chances que Benjamin Lucas prête attention à ce « sermon ». « Ça n’aura aucun effet sur mes prises de position et ma manière de les exprimer », persiste et signe le parlementaire,
« J’assume toujours mes propos, et revendique même un engagement quotidien contre l’engloutissement du débat public sous les thèmes et les termes de l’extrême droite », souligne encore le député de la 8e circonscription. J’affirme avoir toujours agi dans le respect des règles républicaines et démocratiques (…) Je m’expliquerai donc sereinement auprès de l’institution judiciaire si elle en manifeste le besoin, certain qu’elle ne donnera pas satisfaction au plaignant. Rien ne me fera taire (…). »