Le Courrier de Mantes

Le tarif de la cantine explose après un changement d’école et de ville : «La double peine»

En un mois dans une nouvelle école, une fillette aurait subi du harcèlemen­t de la part de camarades. Sa mère l’a changée d’établissem­ent et depuis, elle paye la cantine plein pot. Une injustice, selon elle, que la loi devrait pouvoir corriger.

- • Renaud Vilafranca

Casse-tête administra­tif pour une habitante de Buchelay. Sa fille a changé d’école en cours d’année pour des soupçons de harcèlemen­t scolaire. Elle suit désormais la classe dans une commune voisine, Mantes-laJolie. Et comme la famille n’y habite pas, les tarifs de cantine ont logiquemen­t explosé. C’est la règle. Sauf que cette mère de trois enfants estiment qu’en «de tels cas», il faut savoir y déroger. Ainsi, elle remue ciel et terre pour obtenir gain de cause et veut faire bouger la loi en ce sens.

La fillette, âgée d’une dizaine d’années, était scolarisée les années précédente­s dans une école du Val Fourré, à Mantes-la-Jolie donc. En septembre 2023, elle intègre l’école primaire de Buchelay à deux pas de chez elle. Rapidement, les choses se seraient mal passées avec certains de ses petits camarades. Un conflit de voisinage entre sa mère et les parents d’une des élèves mis en cause aurait amplifié la chose.

La petite fille, Nina, et sa mère, Sonia (les prénoms ont été modifiés), dénoncent l’acharnemen­t d’un noyau de quelques gamins : insultes, crachats, propos racistes, menaces de mort, isolement social et même violence physique. Cela aurait commencé quelques jours après la rentrée. « C’était la nouvelle. Elle a pris cher », résume Sonia, mère de deux autres enfants plus jeunes. « J’ai reçu des coups de pied, des coups de poing. On m’a fait des croche-pattes dans l’escalier », témoigne notamment la petite fille.

« Ma fille m’a parlé de suicide »

Ces agissement­s seraient montés crescendo. À la maison, le comporteme­nt de la fillette change et très vite, elle se confie. L’affaire remonte dans la foulée à l’Inspection académique, qui décide d’enclencher le protocole prévu dans les cas de harcèlemen­t supposé.

Mais la famille, qui a également déposé une plainte, n’ira pas au bout du processus. « Un vendredi soir, ma fille m’a parlé de suicide. J’ai dû dormir avec elle », assure avec émotion la maman. À partir de là, elle estime que Nina n’a plus d’avenir dans cet établissem­ent et obtient une dérogation. « Quand un élève est harcelé, ce n’est pas à lui de changer d’école, mais à ses harceleurs », relèvent plusieurs fins connaisseu­rs de la problémati­que.

« Il y avait un réel mal-être de la petite fille. Elle a dû au moins subir des moqueries et des railleries, explique le maire de Buchelay, Stéphane Tremblay, que la famille a rencontré à plusieurs reprises. L’Éducation nationale n’a pas pu aller au bout des investigat­ions. Donc nous n’avons pas pu savoir s’il s’agissait de simples chamailler­ies ou d’un cas de harcèlemen­t scolaire avéré. »

Courant octobre, la fillette retrouve son ancienne école, à Mantes-la-Jolie, et sa joie de vivre. Mais les parents ont fait la grimace en ouvrant la première facture de cantine. Ils doivent désormais s’acquitter d’environ 140 € par mois contre 60 € à Buchelay. En effet, l’enfant n’habitant pas la commune où il est scolarisé, le tarif « résident extérieur » s’applique, soit 11,5 € le repas, contre 6 € pour les Mantais les plus aisés.

« C’est la double peine », estime Sonia, dont le petit deuxième a déjà obtenu une dérogation pour intégrer le même groupe scolaire que sa soeur l’an prochain. « Je suis en congé maternité, mon mari au chômage », souligne-t-elle.

Depuis plusieurs mois, la famille tente de négocier avec la mairie de Mantes-la-Jolie afin d’obtenir un tarif de cantine aligné sur son quotient familial. « Le règlement et la grille tarifaire sont votés en conseil municipal. Aucune exception n’est prévue, même en cas de harcèlemen­t. C’est un cas inédit pour lequel on fait tout notre possible », répond Raphaël Cognet, le maire. Il s’est entretenu à plusieurs reprises avec son homologue buchelois et une solution semble sur le point d’être trouvée. Le CCAS de Buchelay pourrait prendre en charge la majoration sur les factures de cantine.

❝ On m’a fait des croche-pattes dans l’escalier. » NINA Victime présumée de harcèlemen­t scolaire

De 60 à 140 € de cantine

Relais politiques ?

« Nous allons écrire à Gérard Larcher et au ministre de l’Éducation nationale pour que la loi puisse faciliter ces démarches et inclure les maires dans la lutte contre le harcèlemen­t scolaire », ajoute une militante associativ­e qui se bat aux côtés de la maman. Cette dernière est également en contact avec un député afin qu’il porte son message au sein de l’Assemblée.

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