Le Courrier de Mantes

«L’Impression­nisme et la mer» : golfes clairs et gouffres amers

L’exposition du musée de Giverny s’inscrit dans le cadre du 150e anniversai­re de l’impression­nisme, fondé en 1874. D’une ampleur exceptionn­elle, elle bénéficie de seize prêts importants du musée d’Orsay.

- • Claude Cécile

L’exposition du musée de Giverny se déroule sous le signe d’un triple anniversai­re : le 150e de la naissance de l’impression­nisme, dont la première exposition s’ouvrit au 35, boulevard des Capucines à Paris en avril 1874, le 200e de la naissance du peintre normand Eugène Boudin (1824-1898), un grand spécialist­e des scènes de plage avec baigneuses en crinoline, enfin le 15e du Musée des impression­nismes, devenu établissem­ent public en 2009. Elle bénéficie de seize prêts du musée d’Orsay et réunit des toiles de Courbet, Jongkind, Monet, Pissarro, Jacques-Émile Blanche, parmi beaucoup d’autres.

Une discrète ambiance sonore

Si l’impression­nisme est né au bord de l’eau puisque Impression, soleil levant de Claude Monet, tableau fondateur, a été peint au Havre, aucune exposition d’ensemble n’avait, semblet-il, eu pour sujet « L’Impression­nisme et la mer», envisagé ici selon un découpage thématique nouveau : ports, falaises, tempêtes et naufrages, Bretagne, villégiatu­res et, pour finir, fuite.

Une discrète ambiance sonore de bord de mer — ressac et cris de mouettes — accueille le visiteur invité au lâcher-prise.

Les impression­nistes ont assez peu représenté les marins et les dockers, leur préférant les touristes qui formaient leur première clientèle.

L’exposition donne une bonne place à Maxime Maufra (18611918), un membre de l’école de Pont-Aven, où il a rencontré Paul Gauguin. Un film Gaumont en couleurs des premières années du 20e siècle est projeté qui scintille et tremble comme un tableau de maître. Est proposée quasiment en regard une enfilade d’oeuvres de Boudin.

Aux scènes riantes de la côte normande succèdent les « gouffres amers» dont parlait Charles Baudelaire. Et Boudin lui-même, à qui Monet devait d’être peintre, peut aussi donner Un grain (1886) plus inquiétant que sa manière habituelle.

Le thème de la fuite est illustré par Gauguin, parti sans retour pour Tahiti, et par L’Évasion de Rochefort (vers 1881), un saisissant tableau d’Édouard Manet représenta­nt la cavale du journalist­e Henri Rochefort condamné au bagne, en Nouvelle-Calédonie, pour son rôle dans la Commune de Paris. Rochefort et ses compagnons sont à bord d’une barque et l’on devine à l’horizon le bateau qui va les recueillir. C’est l’un des chefs-d’oeuvre de l’exposition avec Marée basse aux Petites Dalles (1884) de Monet, qui en donne l’affiche.

Un film d’époque en couleurs scintille et tremble comme un tableau de maître

■ « L’Impression­nisme et la mer », exposition au Musée des impression­nismes de Giverny. Jusqu’au 30 juin, tous les jours de 10 h à 18 h. Tarif plein : 12 euros. Réduit : 9 euros. Gratuit pour les moins de 18 ans, pour tous le premier dimanche du mois. Catalogue coédité avec Flammarion : 35 euros.

 ?? Franck Raux/RMN-GP ?? L’évasion de Rochefort, par Édouard Manet.
Franck Raux/RMN-GP L’évasion de Rochefort, par Édouard Manet.
 ?? Franck Raux/RMN-GP ?? La plage de Trouville, par Louis-Eugène Boudin.
Franck Raux/RMN-GP La plage de Trouville, par Louis-Eugène Boudin.

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