Jean-Luc Fillon, fin d’une belle aventure à la tête de l’Ensemble orchestral
Le chef de l’harmonie de Mantes-la-Ville Jean-Luc Fillon va officiellement transmettre sa baguette à son successeur Patrick Couttet ce jeudi 25 avril, lors d’une cérémonie privée.
Quand on lui a téléphoné il y a quelques jours, Jean-Luc Fillon était à Rennes pour une série de concerts à la tête de l’Orchestre national de Bretagne, une formation professionnelle pour laquelle il a écrit des arrangements de Duke Ellington, Chick Corea ou encore George Gershwin. Il sera de retour ce jeudi à la salle Jacques-Brel pour une petite cérémonie : le musicien va adouber son successeur Patrick Couttet à la tête de l’Ensemble orchestral de Mantes-la-Ville, qu’il dirige depuis quarante ans.
Parmi les invités, certains verseront peut-être une larme. Car on ne tire pas un trait comme ça sur une aussi longue aventure. L’orchestre a accueilli quelque 160 musiciens, c’est-à-dire qu’il s’est renouvelé quatre fois, depuis qu’il en a pris la direction. Il était alors tout jeune, 21 ans. Il se souvient que le maire de l’époque Georges Gaudin ne ratait jamais un concert.
Tout en menant une carrière de hautboïste, corniste et bassiste jazz réputé, JeanLuc «Oboman» Fillon a longtemps eu de grandes ambitions musicales pour le Mantois — il a grandi à Mantes-la-Jolie : « Quand on a chez soi les premières lutheries du monde,
Buffet Crampon, Selmer et Lorée, on se doit de constituer un vrai pôle musical.
J’en ai longtemps parlé à des élus, j’ai suggéré que l’on crée une zone franche pour faire venir des éditeurs de musique, des professionnels du son, de l’informatique musicale, mais aussi la fameuse école de lutherie qui est finalement installée au Mans. J’ai aussi proposé que l’on réinvente ici le kiosque à musique, un lieu pour jouer à l’extérieur de mars à septembre. » Rien de tout cela n’a vraiment eu lieu. « Disons que l’on a pris la musique comme étendard et que ça n’a pas suivi derrière. Bon, il y a quand même des réussites partielles, par exemple le conservatoire à rayonnement départemental », où il dirige la classe de jazz.
Il raconte avoir connu de vrais bonheurs avec l’ensemble orchestral, qu’il s’est toujours efforcé de porter au plus haut possible de la pratique amateur. Si l’environnement dont il rêvait avait existé, il aurait fait encore mieux. Chaque pupitre aurait bénéficié d’une formation continue, et l’orchestre serait allé encore plus loin…
Satisfactions
Parmi ses grandes satisfactions, Jean-Luc Fillon cite l’enregistrement en 1994 du CD Wang-Fô, sur un livret de Marguerite Yourcenar. « On avait eu alors les moyens de rémunérer un compositeur. »
Avant de partir, Jean-Luc Fillon a préparé minutieusement sa succession. Il assure qu’avec le professeur de tuba Patrick Couttet, le vénérable orchestre — sa fondation remonte à 1885, c’est la première association de Mantes-la-Ville par son antériorité — se trouve entre de bonnes mains.
Il a rêvé de réinventer à Mantes le kiosque à musique