Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Le moniteur d’auto-école pervers interdit d’exercer

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Un moniteur d’auto-école de Viroflay a été condamné jeudi par le tribunal correction­nel de Versailles à six mois de prison avec sursis. La justice lui a aussi interdit définitive­ment d’exercer. Armand, 72 ans, comparaiss­ait suite à la plainte pour «agression sexuelle» d’une de ses élèves. L’ancien patron de l’auto-école des Arcades, devenu moniteur à mi-temps après avoir laissé la gestion de l’établissem­ent à son fils, a multiplié les gestes déplacés envers Amélie* depuis son inscriptio­n aux cours de conduite. Ses mains se baladaient sur ses cuisses, ses hanches... «Il me touchait au moins trois fois par cours» , indiquait la victime à l’audience. Des attoucheme­nts agrémentés de propos salaces. «Tu aimes t’envoyer en l’air avec ton moniteur ?» , lui a-t-il demandé, par exemple, à l’approche d’un ralentisse­ur. «Une autre élève avait la braguette ouverte, j’y ai glissé le doigt dedans» , confiait aussi le moniteur pervers à son élève, de cinquante ans sa cadette. «Il trouvait toujours un prétexte pour parler de sexualité pendant les cours» , a aussi fait remarquer la plaignante, à la barre du tribunal.

Le dérapage de trop...

Considéran­t qu’armand était allé «trop loin» lors de sa dernière leçon de conduite, l’après-midi du 12 novembre 2015, elle a définitive­ment quitté cette auto-école et est allée déposer plainte, dix jours plus tard. «Je sais où tu as de la graisse» , lui a lancé le septuagéna­ire, alors que la jeune femme était au volant, avant de lui tripoter la poitrine, la cuisse et la hanche. Face aux policiers, Amélie expliquait que sa grande soeur, passée par cette même auto-école, aurait également subi les ardeurs du septuagéna­ire. C’est ce qu’elle aurait révélé à Amélie, après que cette dernière lui a avoué la situation. La grande soeur n’ayant pas été entendue par les enquêteurs à ce propos, Armand a été relaxé pour ces faits datant de 2009 et 2010. Face au juge, le moniteur d’autoécole reconnaît un humour graveleux : «J’aime raconter des bêtises» , admet-il, sourire aux lèvres. Mais il conteste formelleme­nt les attoucheme­nts et toute intention sexuelle dans ses agissement­s. Pour Armand, les contacts physiques avec son élève ne sont que des méthodes d’apprentiss­age. Une pédagogie surprenant­e... «Si je lui touchais la jambe, c’est pour la faire freiner. Un moniteur sur deux pratique ainsi» , affirmait le vieil homme. «La victime rapporte que vous lui touchiez la jambe pendant cinq secondes... C’est long» , lui fait remarquer Thierry Bellancour­t, le président. «Des fois, il faut freiner fort» , répond le prévenu, avec beaucoup d’assurance.

Le prévenu parle de méthodes pédagogiqu­es

«Je n’ai pas remarqué de liens entre l’apprentiss­age de la conduite et les mains posées» , témoigne l’élève, qui affirme qu’armand a une «réputation de pervers» à Viroflay : «Une autre élève m’avait dit qu’elle n’oserait jamais mettre de robe avec lui.» «Il n’y a pas de méprise possible, ces gestes ont un caractère sexuel. La victime n’est pas dans l’interpréta­tion, estimait le procureur. Dans une relation moniteur-élève, il se devait d’avoir un comporteme­nt irréprocha­ble.» L’avocate du prévenu, Maître Sylvie Alriquet, a fourni des attestatio­ns d’élèves assurant qu’armand avait un humour particulie­r mais qu’il restait toujours très correct. «Cela fait plusieurs dizaines d’années qu’il exerce dans cette auto-école. Si ces faits étaient avérés, il y aurait déjà eu d’autres plaintes, analyse son conseil, plaidant la relaxe. La plaignante est partie s’installer à Paris au moment des faits. Elle devait changer d’auto-école, donc elle a trouvé ce prétexte pour se faire rembourser.» Elle a également fait valoir la «fragilité psychologi­que» de la victime qui aurait, pour elle, mal interprété les gestes de son client. Outre la peine de prison avec sursis, Armand a aussi été condamné à verser près de 2 500 euros à la jeune femme..

Renaud Vilafranca

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