Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Andrésy : tout savoir sur le camouflage pendant la guerre

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Cécile Coutin, Versaillai­se de 67 ans, auteure de l’ouvrage “Tromper l’ennemi” (éd. Pierre de Taillac) animera la conférence gratuite organisée par le club historique d’andrésy sur l’invention du camouflage moderne en 19141918. Rendez-vous mercredi 16 mars, en mairie d’andrésy. Plan détaillant le faux Paris qui devait être recréé dans la boucle de Seine entre Maisons-laffitte et Conflans-sainteHono­rine, en 1918.

Comment vous êtes-vous intéressée à l’histoire du camouflage? Après mes études en histoire de l’art et archéologi­e, j’ai été recrutée au sein de la bibliothèq­ue de documentat­ion internatio­nale contempora­ine, basée sur le campus universita­ire de Nanterre. Cette bibliothèq­ue qui s’intéresse aux relations internatio­nales du XXE siècle a une section réservée aux documents graphiques et aux objets servant à illustrer les documents écrits. Cette section est devenue le musée d’histoire contempora­ine installé à l’hôtel national des Invalides. J’y ai passé dix-huit ans comme conservate­ur. J’ai alors préparé ma thèse de doctorat sur Jean-louis Forain, un peintre et dessinateu­r de presse qui s’est engagé volontaire­ment en 1914, à l’âge de 62 ans. En travaillan­t sur son activité pendant la Première Guerre mondiale, j’ai découvert qu’il avait fait partie de la première équipe de camouflage, et qu’il est devenu l’inspecteur général de la Section officielle­ment créée le 14 août 1915. J’ai confronté ces informatio­ns avec des documents sur le camouflage, conservés dans les collection­s du musée (dessins, peintures, photograph­ies).

Dans cette conférence vous revenez sur le vrai créateur du camouflage, je crois. Celui qu’on cite généraleme­nt, c’est Lucien Victor Guirand de Sévola, peintre académique et professeur à l’école des BeauxArts de Paris. Dès les premières semaines de la guerre, il a cherché une solution pour dissimuler sa batterie d’artillerie qui subissait des bombardeme­nts dès qu’elle était repérée par l’aviation ennemie d’observatio­n. Mais celui qui a trouvé la solution, c’est Louis Guingot, décorateur de théâtre à Nancy. Dès les premiers jours de la guerre, cet homme discret avait proposé une veste de camouflage de son invention, qui n’a pas été retenue par l’armée; Mais sa postérité est devenue universell­e, depuis qu’en 1937, l’armée italienne a été la première à équiper de treillis ses parachutis­tes (considérés comme des soldats d’élite). Les SS de l’allemagne nazie ont emboîté le pas, puis les Américains et les Anglo-saxons en 1942. En 1914, donc, Guingot a bariolé de taches de couleurs rompues : ocre, vert, brun, des toiles destinées à camoufler les canons. Dans la même toile, il a fait fabriquer des blouses pour dissimuler les uniformes des servants des pièces d’artillerie.

Quels sont les liens entre la région d’andrésy et le camouflage pendant la Grande Guerre ? Fin 1917, pour détourner les redoutable­s Gothas allemands qui bombardaie­nt Paris et sa région, la nuit, on avait fait le projet de créer une fausse ville de Paris. Le but était d’attirer les bombardier­s sur un faux objectif grâce à un système d’éclairage intermitte­nt donnant l’impression aux aviateurs, dépourvus, à l’époque, d’instrument­s de navigation et se fiant uniquement à leur vue, qu’ils survolaien­t Paris et qu’ils pouvaient jeter leurs bombes. On réalisa, dans le secteur de Roissy-en- France, une zone correspond­ant au secteur nord de Paris (des gares de l’est et du Nord jusqu’à SaintDenis et à Aubervilli­ers) un essai de fausse ville. De nuit, avec les éclairages conçus par l’ingénieur Jacopozzi, spécialist­e de l’illuminati­on des grands magasins avant et après la guerre, le leurre était particuliè­rement réussi. L’installati­on était prête à fonctionne­r en sep- tembre 1918. Si les résultats avaient été probants, il était prévu de réaliser une fausse ville de Paris complète, dans la boucle de la Seine qui contourne la forêt de Saint-germain-en-laye et qui est très semblable à la boucle traversant Paris. La partie nord du faux Paris devait s’étendre sur plusieurs communes, de Maisons-laffitte à Conflans. Herblay correspond­ait à l’emplacemen­t de l’hôtel de ville de Paris. Mais le recul inexorable de l’armée allemande ont rendu ce projet caduc.

Sur quels documents allezvous vous appuyer pour votre

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