Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Entre douleur et angoisse

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Tous les parents de la région y sont passés au moins une fois. Les urgences pédiatriqu­es de l’hôpital de Poissy fonctionne­nt 24 heures sur 24. Plusieurs dizaines de patients, âgés de 0 à 18 ans, sont accueillis chaque nuit dans ce service qui traite petits bobos et grands maux. Entre pleurs, souffrance­s et inquiétude, l’émotion est palpable dans la salle d’attente, souvent pleine à craquer.

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Ici, les patients ne sont pas pris en charge par ordre d’arrivée, mais en fonction de leurs symptômes. À l’accueil, un rapide examen est réalisé afin de déterminer le degré d’urgence. «On vérifie les constantes : températur­es, tension, taux d’oxygénatio­n. Et on s’informe des antécédent­s de l’enfant pour évaluer la gravité de la situation. Ces données sont transmises aux médecins, explique Céline, infirmière puéricultr­ice depuis 19 ans. Les malades ne nécessitan­t pas de prise en charge hospitaliè­re sont orientés vers la maison médicale» (située dans l’enceinte de l’hôpital).

Au guichet d’accueil, les parents se succèdent et expliquent les symptômes de leur bambin, avec leurs mots, leurs connaissan­ces. Les infirmière­s posent un maximum de questions, «pour ne pas passer à côté de quelque chose» . En ce dimanche soir, la salle d’attente se vide aussi vite qu’elle se remplit. Les familles peuvent attendre plusieurs heures avant d’être prises en charge. «Même s’il y a beaucoup de monde, on ressent moins la pression la nuit. L’ambiance est plus sereine» , confie une infirmière.

«Il y a une inadéquati­on entre la demande des familles et la capacité du service, estime le docteur Philippe Blanc, pédiatre, responsabl­e des urgences lors de notre passage. Seulement 15 à 20 % des patients font finalement l’objet d’une hospitalis­ation tandis que les autres ne nécessiten­t pas une prise en charge aux urgences.»

Ce médecin, seul maître à bord une fois la nuit tombée, travaille à un rythme effréné. Quand un patient va dans un autre service pour effectuer des examens complément­aires, il en prend immédiatem­ent un autre. Il jongle entre les malades, et il n’a pas droit à l’erreur. Il est également sollicité par les infirmière­s et l’interne, qui rendent compte de leur travail et prennent conseil auprès de lui.

Des drames…

La salle d’attente a désempli vers minuit seulement. Durant cette nuit-là, particuliè­rement chargée, les urgences ont traité beaucoup de gastros, des suspicions non avérées de méningites, une blessure avec une seringue usagée trouvée dans un parc, des affections pulmonaire­s… «SOS Médecins ne répondait pas, raconte Philippe, 45 ans du Vésinet, venu avec son nourrisson atteint de la bronchioli­te. Il souffre depuis quelques jours et, ce soir, ça a empiré. Comme ça peut vite dégénérer à cet âge, je suis venu ici.» Après une batterie d’examens, il rentrera chez lui avec son bout de chou qu’il devra surveiller dans les prochains jours.

«On doit aussi faire face au stress nocturne. Les enfants sont particuliè­rement angoissés la nuit, confie Laurence, auxiliaire de puéricultu­re. Donc il faut savoir faire la différence entre des pleurs de douleurs et d’émotion.» Pas de cas grave en ce dimanche soir. Mais le service doit parfois faire face à des situations dramatique­s : tentatives de suicide d’adolescent­s, petites victimes d’attoucheme­nts, découverte­s de maladies incurables, et même décès. Des histoires qui «touchent» et «prennent aux tripes» le personnel du service. Certains évoquent des événements tragiques, avec beaucoup de pudeur et d’empathie. «Nous nous devons aussi d’accompagne­r les parents dans leur peine» , indique une infirmière.

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Ce nourrisson souffrait d’une bronchioli­te. Julien, infirmier, a réalisé des examens à la demande du médecin.

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