Le Courrier des Yvelines (Poissy)
« Un long combat à mener… »
Stéphanie Rochetteflohic a deux enfants précoces aujourd’hui âgés de 18 et 15 ans. Elle raconte ses combats pour faire reconnaître leur différence.
Comment vous êtes-vous aperçue que vos enfants étaient précoces ?
Je m’en suis aperçue lorsque j’ai constaté, par exemple, que mon aîné de 18 mois parlait couramment. Il a appris à lire tout seul à l’âge de 4 ans sans que je m’en aperçoive. Ensuite qu’est-ce qui s’est passé ?
Il est conseillé d’attendre l’âge de 5 ans voire 6 ans pour faire passer le test psychométrique ; il est plus probant alors. Bastian a été diagnostiqué enfant précoce à l’âge de 5 ans et demi lors d’un test, réalisé par une psychologue spécialisée dans la précocité. Comment reconnaît-on que son enfant est précoce ?
Il était très en avance par rapport aux autres. Je suis orthophoniste de profession, je connais le développement moteur, intellectuel et émotionnel des enfants petits et grands. Je suis donc particulièrement sensible à la détection des enfants précoces. Votre métier vous a aidée mais pour les parents qui ne savent pas, que faut-il faire ?
Les enfants précoces sont extrêmement curieux. Ils ont une mémoire ultraperformante. Ils sont impatients. Ce sont encore des gamins très sensibles. En revanche, ils ne sont pas tous pareils. Ils ne parlent pas tous bien rapidement et ne savent pas tous lire à 4 ans. Au final, c’est moins de problèmes, notamment à l’école, quand on a des enfants précoces ?
Détrompez-vous ! C’est un long combat à mener surtout sur le plan scolaire. L’education nationale n’est absolument pas adaptée à ce genre de profil et il est rare d’être comprise, aidée et soutenue auprès des enseignants. Ils ne voient en ce genre de diagnostic de détection qu’une mise en valeur de notre enfant, qui serait une forme de narcissisme des parents. Mais concrètement, rien n’est fait pour eux. Les enseignants sont persuadés que tous les enfants précoces se ressemblent, ce qui est faux ! Les professeurs sont aussi déroutés face à un enfant qui présente des capacités intellectuelles hors norme mais qui pourtant peut se retrouver en échec scolaire. L’enseignement n’est pas du tout adapté à leur mode de fonctionnement. Par exemple, un élève se doit d’expliquer son raisonnement en mathématiques. Un enfant précoce aura tendance à donner une réponse juste sans fournir d’explications sur son cheminement de pensée. L’élève sera inévitablement sanctionné par une mauvaise note. Et pour sauter des classes ?
Je me suis battue pour que mes enfants obtiennent un passage anticipé. Les enseignants n’ont cessé de me mettre en garde contre un supposé manque de maturité qui aurait pu entraver leur scolarité. Or ce fut tout le contraire… Quels conseils pourriezvous donner aux parents qui s’interrogent sur leurs enfants ?
- Faire diagnostiquer le plus tôt possible son enfant. Plus il est révélé tôt, mieux l’enfant grandira ; ne pas écouter les enseignants et leurs conseils le plus souvent inadaptés ; se rapprocher de L’AFEP (Association française pour les enfants précoces) qui a des antennes un peu partout; je recommande, enfin, la lecture des ouvrages de Jeanne Siaud-facchin.