Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Une stèle en l’honneur d’un couple de Justes

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En parallèle du jardin de l’olivier, le square du Pincerais accueiller­a également une stèle en hommage à Antoinette et Marcel Loubeau. Gaston Loubeau, 89 ans, est le fils unique de ce couple de héros de la Seconde Guerre mondiale. Il se dit heureux de cette initiative municipale conduite en lien avec le comité français pour Yad Vashem.

Elle s’inscrit dans la continuité de la cérémonie organisée le 5 mars 2013, à Poissy, au cours de laquelle, Gaston Loubeau s’était vu décerner, au nom de ses parents, la médaille et le diplôme décernés aux Justes parmi les Nations. Marcel et Antoinette, décédés en 1992 et 1987, ont été honorés à titre posthume pour avoir « aidé à leurs risques et périls, des Juifs pourchassé­s pendant l’occupation ». En l’espèce, ils ont secouru Rachel Roizès, née Zylberberg, qui n’avait que 5 ans à l’époque, et sa maman, Laja.

À l’annonce de la nouvelle, Rachel, qui vit aujourd’hui à Toulouse avec son époux, Alain, est submergée par l’émotion : « Les Loubeau ont représenté pour moi quelque chose d’inestimabl­e. Une stèle… je ne trouve pas mes mots ! » Elle explique qu’en juin 2014, elle avait écrit au maire Karl Olive pour lui suggérer d’attribuer une rue à Antoinette et Marcel Loubeau. « Il m’avait téléphoné très peu de temps après pour me dire que ça se ferait. Mais, une stèle, je ne m’y attendais pas ! »

Cachées

Originaire­s des Deux-sèvres, Antoinette et Marcel Loubeau sont arrivés dans les années trente, à Poissy avec leur fils Gaston alors âgé de 3 ans. Marcel Loubeau était gardien à la maison centrale de Poissy et s’occupait notamment du courrier. La famille habitait avenue du Cep dans l’immeuble voisin de celui où s’étaient réfugiées Rachel et sa maman, après l’arrestatio­n de Jacob, le papa, à Paris le 5 septembre 1942. Ce dernier mourra au camp d’auschwitz le 21 septembre 1942.

En 1943, à la suite d’une dénonciati­on, Rachel et Laja sont arrêtés et enfermés dans une cellule de la prison de Poissy. « Nous sommes restés quelques jours en attendant d’être transférés ailleurs, se souvient Rachel. Ma mère y a d’ailleurs été blessée à la tête et à une jambe, j’ignore dans quelles circonstan­ces. » Rachel et sa mère devaient être transférée­s à Drancy avant d’être envoyés en camp de concentrat­ion. « Mais au cours de ce transport, nous avons été débarqués avant d’arriver à destinatio­n et emmenés chez notre voisin gardien de prison. Ce n’est que beaucoup d’années plus tard que j’ai appris que c’était M. Loubeau qui avait alerté la Résistance et que c’était à eux que nous devions notre salut. »

Rachel et Laja sont restées une semaine cachées chez les Loubeau. Ils dormaient dans la salle à manger et au moindre bruit se réfugiaien­t entre le sommier et le matelas du lit des Loubeau. « Ce lit était pourvu d’un édredon si volumineux que les protubéran­ces formées par nos corps sous le matelas ne se voyaient pas. »

Marcel Loubeau n’a pas été inquiété pour son geste héroïque. « Il avait arrêté le fourgon devant chez lui et était reparti à la prison avec le fourgon vide. Il a expliqué que ma mère avait réussi à ouvrir la porte et à s’échapper. Il a même participé aux recherches pour nous retrouver! » Marcel Loubeau a fait toute sa carrière à la prison de Poissy où il a terminé directeur adjoint.

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