Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Jocelyne Triadou, championne et pionnière

- Pascale Tessier

Un nouvel espace sportif sera inauguré ce samedi 16 avril à 11 h 30. Il portera le nom de l’achéroise Jocelyne Triadou, première championne du monde de judo.

Il y a près de 30 ans qu’un dojo de Poissy porte son nom mais jamais la ville qui l’a vue remporter ses premiers combats n’avait songé à honorer la plus titrée des anciens adhérents du Cloca. Championne d’europe en 1977, 1re championne du monde en 1980, 1re femme à recevoir le 8e dan en 2014, le palmarès de Jocelyne Triadou est pourtant éloquent ! Cet oubli sera rattrapé ce samedi 16 avril, lorsque le nouvel équipement sportif portera son nom. Il sera inauguré par le président du Sénat, en présence de la judokate.

Dans la banque

Les lettres de noblesse du judo féminin, « Joss » pourrait se vanter d’avoir largement participé à leur écriture si elle n’avait gardé sa modestie malgré podiums et médailles. Quand son père, ceinture marron, l’emmène tester, dans une salle du CET Jules-ferry -qui accueille aujourd’hui la mairie- il ignore que si la gym et le basket ne l’ont pas retenue, le judo va devenir « une passion ». On du Cloca et des adhérents qui rêvent de la suivre.

Pour décrocher sa ceinture noire, elle part à Poissy où elle restera licenciée jusqu’à la fin de sa carrière. Elle enchaîne les combats avec une pugnacité sans faille. En semaine, elle travaille « dans la banque, et le week-end, je prenais ma voiture et j’allais en Suisse, en Belgique, un peu partout en France, à mes frais. Il n’y avait pas de championna­t de France, juste des rencontres. L’europe, on en était loin et on devait travailler en dehors», se souvient-elle.

Commence « la razzia ». Au championna­t d’europe, elle s’y prend à trois fois pour décrocher l’or. Quatre ans plus tard, à New York, elle rafle l’or mondial, en pionnière. Elle ne visera jamais le titre olympique car, en 1988, le judo féminin n’est encore qu’un sport de démonstrat­ion et, à Barcelone, en 1992, elle a raccroché le kimono. Haut gradée depuis son 6e dan, elle est la première à recevoir la ceinture blanche et rouge du 8e dan en 2014.

. 1975 : 2e au championna­t de France à Paris et au championna­t d’europe à Munich.

. 1976 : championne de France à Agen. 2e au championna­t d’europe à Wien.

. 1977 : championne de France à Evry. Championne d’europe à Arlon.

. 1978 : championne de France à Paris. 2e au championna­t d’europe à Köln.

. 1979 : championne de France à Paris. Championne d’europe à Kerkrade.

. 1980 : championne d’europe à Udine. Championne du monde à New York.

. 1981 : championne de France à Paris. Championne d’europe à Madrid.

. 1982 : championne de France à Vincennes. championne d’europe à Oslo. 3e au championna­t du monde à Paris.

De meilleurs souvenirs, elle n’a que ça ? Peut-être le titre européen qu’elle a attendu 3 ans ou sa victoire à New York, dont elle avait « très envie », mais à laquelle elle ne croyait pas après une opération au genou.

Joss a vu le judo évoluer, l’a parfois regretté, apprécie qu’il revienne sur de bonnes bases et elle a pris sa retraite avec l’impression de ne pas avoir travaillé. Sur les tatamis, dans les clubs où elle a enseigné ou au sein de la fédération, Jocelyne Triadou a su faire de sa passion son métier. Et vice versa.

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