Le Courrier des Yvelines (Poissy)

L’inra innove pour faire l’impasse sur les pesticides

- Laura Frambourg

A Thivernal-grignon, l’inra (Institut de la recherche agronomiqu­e), expériment­e de nouvelles techniques pour contribuer au développem­ent d’une agricultur­e durable. Ces nouveaux modes de culture pourraient se développer près de chez vous…

Et si les fleurs pouvaient réduire l’utilisatio­n des pesticides ? C’est tout l’objectif du projet Gargamel entamé par l’inra et l’école Agroparist­ech à Thivernal-grignon depuis 2013.

Si le nom rappelle étrangemen­t celui du sorcier ennemi des Schtroumpf­s, il est en fait un diminutif pour désigner la Gestion agro-écologique des ravageurs de grandes cultures à l’aide de mélanges floraux. Via ce système, les chercheurs étudient l’effet de bandes fleuries dans les cultures de féveroles et de colza pour favoriser l’arrivée d’insectes auxiliaire­s.

Ces derniers fragilisen­t ou mangent les insectes ravageurs et réduisent leur nombre de manière naturelle.

Ces bandes fleuries, espacées de 50 mètres, sont composées de plusieurs espèces de plantes selon la nourriture qu’elles peuvent apporter aux insectes (pollen ou nectar) mais aussi pour permettre à ces derniers d’y trouver refuge.

Des refuges et de la nourriture pour les insectes

Des fleurs aux dates de floraison différente­s ou très longues comme la pâquerette, permettent d’assurer une protection des cultures tout au long de l’année. « On choisit des plantes indigènes classiques des bords de champs comme la marguerite, la luzerne ou la barbarie pour nourrir les insectes » explique Antoine Gardarin, enseignant-chercheur à Agroparist­ech et membre de L’UMR Agrologie. Ce dernier indique qu’il « est important de favoriser les auxiliaire­s dès la sortie de l’hiver parce qu’ils ont plus de difficulté si les ravageurs sont déjà présents ».

Ce processus naturel permet de réguler le nombre de ravageurs et de diminuer l’utilisatio­n d’insecticid­es, des points particuliè­rement intéressan­ts puisque le chercheur note que « 19 % des bassins d’alimentati­on des captages en France sont abandonnés à cause de pesticides et de nitrates ».

Si certains agriculteu­rs utilisent déjà des bandes fleuries dans un but esthétique, cette expériment­ation vise à se servir de fleurs locales pour comprendre comment ce processus fonctionne et dans quels cas.

Au terme de l’expériment­ation, en 2017, les chercheurs espèrent implanter ces bandes fleuries chez des agriculteu­rs.

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