Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Le musée du Jouet fermé pour deux ans
Site emblématique de Poissy, le musée du Jouet installé au coeur de la porterie de l’ancien Prieuré royal, sera fermé au public pendant deux ans, à compter de juillet, pour d’importants travaux de rénovation et de mise aux normes.
Précipitez-vous au musée du Jouet de Poissy, car à partir du 1er juillet, ce ne sera plus possible. Aménagé au sein de la porterie de l’ancien Prieuré royal Saint-louis (XIVE siècle), le premier musée consacré au jouet en France, sera fermé au public pour au moins deux ans. La raison : le lancement de travaux conséquents (le coût est estimé à 2 millions d’euros) pour une durée minimum de 18 mois.
Mieux isoler et ventiler
« Ces travaux sont indispensables, estime Florence Xolin, adjointe au patrimoine, à la fois pour protéger le bâtiment au regard des dégradations extérieures liées aux intempéries et à la pollution et pour améliorer les conditions de conservation des collections. Actuellement, nous sommes confrontés à des variations de température et d’humidité trop importantes (les conditions idéales étant une température constante de 20°C et un taux d’humidité de 50%).» Ainsi, il est prévu de refaire la toiture entièrement, de restaurer les façades et de changer toutes les huisseries. « Un drain sera mis en place pour éviter les remontées d’humidité par le sol », ajoute Hélène Meyerroudet, directrice des musées de Poissy (musée du jouet et musée d’art et d’histoire).
Mieux isoler et mieux ventiler sont les mots d’ordre. « Pour la ventilation, il a été choisi une solution médiane, explique Florence Xolin. Vu que nous sommes dans un bâtiment classé monument historique, il n’était pas possible d’installer un système complet de climatisation qui aurait eu pour conséquence de défigurer le bâtiment. Le principe choisi est de se servir des conduits des deux cheminées existantes pour créer une circulation d’air qui permettrait de réguler à la fois les niveaux d’humidité et de températures. »
« L’air entrera par les huisseries et ressortira par les conduits de cheminées, à l’aide d’extracteurs, précise Hélène Meyer-roudet. Une vitrine contenant deux petites maisons de poupées avait été aménagée dans l’un des conduits de cheminée. « Nous allons devoir la déplacer. »
L’accessibilité est un autre objectif majeur de ce chantier. « Ce musée a vocation à accueillir un public familial, scolaire mais aussi de personnes âgées, indique la maire adjointe. C’est pourquoi, nous souhaitons qu’il puisse être accessible, en très grande partie, aux personnes à mobilité réduite. » Et, plus largement, aux personnes souffrant de handicap (visuel, auditif, etc.).
Un élévateur de personnes
« Un élévateur de personne va être installé. Il prend moins de place qu’un ascenseur et permettra de desservir les trois niveaux ouverts au public. » Les sanitaires, situés au rez-de-chaussée, seront transformés de façon plus spacieuse. « Ils seront adaptés aux personnes à mobilité réduite et aux différents publics, notamment les jeunes enfants. » Du fait de l’élargissement, ils empiéteront sur l’actuelle salle d’activités (30 m2) qui, considérablement réduite, sera convertie, notamment pour accueillir les vestiaires du personnel.
Malheureusement, certaines pièces resteront inaccessibles aux fauteuils roulants, en particulier deux salles situées dans les tours. « Soit la pente est trop forte pour aménager une plateforme ou c’est le passage qui est trop étroit pour un fauteuil roulant. »
Par ailleurs, le chantier comprendra la construction d’une extension du bâtiment côté jardin. « Il s’agira d’une grande salle de 60 m2, ouverte sur le jardin avec des grandes baies vitrées, se félicite Florence Xolin. Elle servira pour des ateliers, conférences, projections, accueil de groupes, etc. »
Repenser la muséographie
Ces travaux sont une belle occasion de repenser la scénographie du musée, lui donner une nouvelle dynamique en proposant aussi plus d’interactivité. Florence Xolin et Hélène Meyer-roudet privilégient une conception historique plutôt que thématique comme c’est le cas aujourd’hui. « Le principe serait un parcours semi-permanent à travers toutes les salles, en lien avec l’histoire des jouets, annoncent-elles. Le jouet serait contextualisé comme un élément de vie des enfants de telle ou telle époque, comme un produit de l’artisanat, puis de l’industrie, etc. » Il n’est plus question d’expositions temporaires dans des salles attitrées, comme aujourd’hui, mais plutôt d’une intégration au sein de la muséographie globale. « On peut envisager de mettre en valeur des thématiques particulières, ce qui veut dire que le public qui reviendrait au musée tous les ans, voire tous les six mois, verrait des objets nouveaux. »
Avant le démarrage des travaux, prévus en septembre, l’équipe d’hélène Meyer-roudet (cinq personnes) a déjà commencé à faire ses cartons. Les 13 000 objets (dont les plus anciens datent du XVIIIE siècle) du fonds permanent du musée sont exposés ou conservés dans les 120 m2 de réserves. Tous seront transférés dans un lieu tenu secret, pour des raisons de sécurité. « Nous disposons d’une surface de 460 m2 pour stocker les oeuvres pendant la durée des travaux, détaille la directrice des musées. Nous allons engager un travail de dépoussiérage, voire, le cas échéant, de restauration des oeuvres. Nous regrouperons ensuite les objets par thématique. Nous travaillerons en lien avec Michel Manson, historien du jouet qui nous accompagne également pour préparer le nouveau parcours muséographique. » La décision finale reviendra à la municipalité et à l’état qui devront se prononcer sur le projet scientifique et culturel, « en résumé, c’est la feuille de route du musée pour les 20 prochaines années ».