80 sculptures à l’abordage de l’île Nancy

La 19e édition de Sculptures en l’île accueille une cinquantaine d’artistes à Andrésy. Remarquable suggestion de balade, avec le photographe et peintre chinois Du Zhenjun pour invité d’honneur.

L’art contemporain a pris possession d’andrésy. Du centreville à l’île Nancy, en passant par le parc de la mairie, le Moussel ou l’espace Julien-green, une centaine d’oeuvres célèbrent la 19e édition de Sculptures en l’île. Sur la terre ferme ou dans la nature au terme d’une traversée de l’oise, la balade est variée, étonnante et originale. Un événement culture unique en Île-de-france !

Au fil des ans, l’exposition a gagné en volume et longévité, la Ville - organisatrice - ayant estimé que se donner du mal pour quatre semaines seulement était regrettable. En s’étendant du printemps à la fin de l’été, l’événement a gagné en notoriété et près de 40 000 visiteurs se sont pressés l’an dernier, pour cumuler les bienfaits d’une promenade dans un havre de paix bercé par le bruit des oiseaux et une ouverture sur l’art contemporain. « Notre objectif est d’offrir le spectre complet », confie le maire Hugues Ribault en laissant libre cours aux artistes. C’est le cas dans la Maison du Moussel, centre d’art interdit au public pour raisons de sécurité, mais dont Pascal Morabito s’est emparé des vitraux, tandis que Du Zhenjun présente des tours de Babel photographiques derrière les vitres fermées, et que Jean-patrice Rozand habille le parc d’oeuvres longilignes. Nouveauté aussi dans le centre-ville, avec quatre statues conçues par Gilles Marion à partir de pièces de matériel agricole.

Collage

Bijoutier, sculpteur, poète, Pascal Morabito (invité d’honneur 2015) est venu avec une seule corde à son arc, entre deux allers-retours chez lui à Bali : s’emparant des fenêtres basses de la maison, il s’exprime sur la résilience qui, comme le tsunami et autres cataclysmes emportant tout, a pu briser les porcelaines chinoises qu’il récupère pour concevoir des vitraux.

Quant à Du Zhenjun, rester des heures devant ses collages n’empêchera jamais de découvrir un nouveau détail. Ses Tours de Babel sont faites de photos « trouvées sur Internet, selon le principe de la globalisation du langage universel, sans frontières», précise-t-il. Il faut « trois mois de travail à trois » pour réaliser une photo sur laquelle coexistent les statues démolies de dictateurs ou le Mont Rushmore seul à rester debout : on peut même trouver l’artiste au milieu de ce collage, comme Alfred Hitchcock passait furtivement dans ses films.

80 oeuvres

Pour sa part, Jean-patrice Rozand présente des oeuvres monumentales en acier corten sur lesquelles le temps s’arrête pour les magnifier : « Quand je fais une sculpture, je veux être surpris en en faisant le tour », confie celui qui s’émerveille sans se lasser devant des oeuvres sophistiquées dans leur concept mais simples dans leur ligne.

Quant à l’île Nancy, elle abrite 80 oeuvres, réalisées par 38 artistes et 17 collectifs : sonores, visuelles, utilisant la nature pour toile de fond, qu’elle soit source d’inspiration ou d’intégration. Des oeuvres qui peuvent étonner, amuser, donner des idées. Des arbres peints ici, des pingouins de céramique là, des fils tendus dans les arbres, des parasols flamboyants, et autant de diversités de sculptures que l’imagination peut en offrir…

■PRATIQUE

Jusqu’au 25 septembre, du mercredi au dimanche et jours fériés. Traversée du bac vers l’île Nancy (libre et gratuite) du mercredi au dimanche de 10 h à 19 h (dernier aller vers l’île à 18 h). Maison et parc du Moussel, parc de l’hôtel de ville, hall de l’espace Julien-green : entrée libre, du mercredi au dimanche et jours fériés de 10 h à 19 h. Entrée libre. Renseignements 01 39 27 11 00 ou andresy.com

Sui Lin Leung dans sa Forêt de parasols.

Du Zhenjun devant les vitres abritant ses Tours de Babel.

Pascal Morabito est de retour après avoir été l’invité d’honneur de l’an dernier.