Le Courrier des Yvelines (Poissy)
QUESTIONS À
Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l’habitat durable, porte le projet d’extension de l’encadrement des loyers à des départements franciliens.
1. Avec l’encadrement des loyers, vous souhaitez freiner certains excès et redonner du pouvoir d’achat aux ménages. Peut-on dire que l’expérience menée à Paris a été concluante concernant ces deux points? Oui, d’après les premiers indicateurs, la mise en place du dispositif est concluante. Tout d’abord l’observation et la transparence sur le montant des loyers ont permis à chacun de prendre connaissance des prix médians du marché. Cela a d’abord donné aux propriétaires l’idée du prix juste, pour louer facilement et sans risques excessifs. Cela évite ce qu’on appelle « les aberrations » du marché, les loyers anormalement haut ou bas. Quant à l’encadrement des loyers à Paris, il a permis de réguler, enfin, un marché qui était dangereusement déconnecté des revenus des locataires. A Paris, sur la première année de mise en place, 30% des nouveaux locataires ont bénéficié d’une baisse de loyer. C’est bon pour tout le monde, propriétaires comme locataires. Le logement pèse beaucoup trop sur le budget des ménages. Il faut leur redonner du pouvoir d’achat. L’encadrement est un des outils pour y arriver.
2. Pourquoi étendre la mesure à des villes des Yvelines, et en particulier à Versailles ? C’est avant tout une question d’égalité entre les territoires. Si je veux étendre l’encadrement des loyers à 411 autres communes que Paris, c’est parce que je ne me résous pas à protéger les seuls parisiens. Les zones tendues pour le logement ne se trouvent pas que dans la capitale. Sans cette extension, on prenait le risque que les prix s’adoucissent d’un côté du périphérique et flambent de l’autre. Dans les Yvelines, à Versailles, les prix sont très proches de ceux pratiqués à Paris. Il fallait donner aux habitants de ce département le même outil qu’aux Parisiens.
3. Certains professionnels expriment des critiques : ils parlent d’une fuite de nouveaux bailleurs, d’une baisse du nombre de logements locatifs, de prix des petites surfaces restés élevés. Sontelles fondées ? Je travaille au quotidien avec l’ensemble des professionnels du secteur. Je les écoute et je les respecte car nous avons besoin de la mobilisation de tous pour gagner la bataille du logement abordable. Cela dit, je constate que les prophéties grincheuses qui annonçaient une catastrophe économique ont été démenties par la réalité. La construction a repris et les mises en chantier progressent de façon importante partout. En Ilede-france, la construction de logements neufs fait un bond de 26% sur les 12 derniers mois. On peut honnêtement se dire que l’encadrement des loyers n’a rien freiné et a sans doute contribué à assainir le marché. C’est une mesure de bon sens qui fera bientôt consensus, car chacun s’y retrouve.