Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Une bonne idée, mais incomplète
À l’hôpital André-mignot du Chesnay, Christine Camus est responsable de l’équipe de liaison et de soins en addictologie (Elsa). Depuis plus de 15 ans, elle reçoit des fumeurs qui désirent arrêter. Ce mois sans tabac c’est, pour elle, « une bonne idée pour sensibiliser et amorcer une démarche. L’idée de parler de tabac est moins stigmatisante que celle de s’en prendre directement au fumeur. Et puis, toute tentative d’arrêt est toujours bonne à prendre. Il faut raisonner comme un sportif qui échoue dans une compétition. Il va continuer à s’entraîner pour être meilleur la prochaine fois.»
Pour autant, le médecin pose quelques bémols sur la partition. « Il aurait fallu accompagner cela de plusieurs éléments. À commencer par une aide à l’achat des substituts, une rencontre avec des professionnels de santé pour tester la dépendance qui peut tout aussi bien être d’ordre physique que psychologique ou comportemental. Chaque fumeur est particulier et a besoin d’un accompagnement individualisé. »
Pour Christine Camus, la difficulté n’est pas forcément d’arrêter. « C’est surtout de ne pas rechuter. Il faut faire le deuil de la cigarette. Avoir de la volonté, c’est bien. Mais il faut surtout être motivé pour ne pas reprendre, trouver les raisons qui vont nous faire tenir. Et là, il n’y a pas de méthode miracle. Cela demande du temps et des consultations répétées. Car on n’est jamais guéri de la cigarette. On devient un ex-fumeur. »
Très au fait de la question, la tabacologue rappelle que le tabac est la première arme de maladie massive en France. « Elle tue 78 000 personnes par an. 95 % des gens qui fument sont dépendants. 80 % des gens qui arrêtent vont rechuter à un moment. C’est pour cela qu’il est mieux d’être accompagné. » À condition d’avoir les équipes pour cela. Les tabacologues sont peu nombreux à exercer pour 18 millions de fumeurs dans notre pays, soit près de 30 % de la population.