Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Un profond mouvement d’exaspérati­on s’empare des policiers

- Michel Seimando

Les policiers yvelinois comme dans toute la France en ont ras-le-bol. Le drame de Viry-châtillon a été l’élément déclencheu­r. Le syndicat Alliance 78 raconte les risques encourus.

Trop, c’est trop. De nombreuses photos de policiers pris de dos devant les mairies ou les commissari­ats sont diffusées sur les réseaux sociaux. Les policiers municipaux commencent aussi à se joindre au mouvement.

Julien Le Cam, le délégué syndical Alliance 78 explique :

« Le drame de Viry-châtillon a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il faut savoir que le collègue qui a été brûlé est un adjoint de sécurité qui gagne 1 300 € par mois. Dans les Yvelines, le drame de Magnanvill­e en juin est encore dans toutes les têtes. L’autre week-end, nos collègues de Mantes-la-jolie ont frôlé la catastroph­e (Ils ont été pris à partie et ont reçu des cocktails Molotov). Ils se sont retrouvés face à une centaine d’assaillant­s. C’est un cri d’alarme que nous lançons aujourd’hui. »

Manque de moyens, des décisions de justice qui, selon eux, donneraien­t raison aux délinquant­s, et qui exprimerai­ent un laxisme généralisé, une violence banalisée dans la société… Bref, c’est l’exaspérati­on des hommes en bleu qui ne comprennen­t même plus les déclaratio­ns de leur hiérarchie.

« J’ai vu trois jeunes à Plaisir être déférés au tribunal de Versailles et qui rigolaient entre eux. J’ai vu des jeunes sur des motocross à Versailles foncer sur les policiers. Trop, c’est trop. » Et d’ajouter : « Les premières déclaratio­ns ont été de sanctionne­r les collègues qui avaient manifesté sur les Champs-élysées. C’est dingue », poursuit le représenta­nt des policiers dans le départemen­t qui parle d’une coupure avec la hiérarchie. « Quand un ministre ou le Premier ministre vient dans un quartier sensible, des CRS ont sécurisé le site ; qu’ils viennent dans une voiture sérigraphi­ée comme nos collègues de Viry-châtillon pour voir ce qui se passe ! »

Selon le policier, « l’outrage a été banalisé. Aujourd’hui, dans chaque procédure vous avez des outrages. C’est devenu un rappel à la loi. Le délinquant est déjà sorti du commissari­at que vous n’avez pas encore le temps de finir la procédure administra­tive. »

Les demandes

Pour Julien Le Cam, il faudrait « arrêter les missions ridicules de gardes statiques, de protection de domicile de personnali­tés politiques ou encore la garde des détenus qui se rendent dans les hôpitaux. Dans les Yvelines, on apprend qu’on va fermer le commissari­at de Vélizy, nous sommes au bord de la rupture. La vocation ne suffit plus. »

Les syndicats doivent être reçus ce mercredi à 17h par le ministre de l’intérieur. En attendant, ils en appellent au service minimum. « Les collègues répondent, bien sûr, aux appels 17 mais ils ne font plus les initiative­s habituelle­s. Quand ils intervienn­ent sur une opération, ils ne s’arrêtent plus pour verbaliser des automobili­stes mal garés, par exemple. »

Et de dénoncer « une police déshumanis­ée » qui ne parle que de « statistiqu­es et de baisse d’effectifs ». Bref, à voir non pas de la colère mais de la fatigue et un certain manque de considérat­ion qu’ils dénoncent, de la part des Français ainsi que de leur hiérarchie, le temps de l’amitié voire de l’amour qui éclatait au grand jour avec l’esprit Charlie Hebdo est définitive­ment révolu.

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