Le Courrier des Yvelines (Poissy)
La CGT distribue des bonnets d’âne aux élus
On connaissait le Ballon de plomb et les Marcels d’or pour les footballeurs, ou les Gérard de la télévision qui récompensent les pires animateurs de la télévision… La coordination syndicale départementale CGT des Yvelines a rajouté sa pierre à l’édifice la semaine dernière en organisant ses premiers Prix maires 2017 dans le local de l’union départementale CGT 78, à Trappes. Une cérémonie décalée, saupoudrée d’humour bon enfant, mais derrière laquelle se faisait jour une réalité beaucoup moins joyeuse socialement parlant.
De l’humour corrosif
« J’ai la triste nouvelle de vous annoncer qu’aucun des maires nominés ne sera présent aujourd’hui, malgré le fait qu’ils aient tous été invités », déclare Tristan Fournet (CGT), maître de cérémonie sans queue-de-pie ni redingote, dans son propos liminaire. Soupirs dans l’assistance… Les consignes de départ : pas de coups en dessous de la ceinture. « C’est leur action politique qui est en cause, pas l’homme ou la femme qu’il y a derrière », précise ce dernier.
« L’idée de ce concours, c’est de donner une démarche ludique à l’action syndicale. Ce qui était intéressant dans notre démarche, au-delà du côté humoristique, c’est que l’on donne aussi des éléments factuels et des chiffres très précis pour éclairer le débat », juge Linda, une militante CGT. Chaque remise de prix s’accompagnait de quelques bribes d’explications teintées de commentaires acides. Le « Bâillon d’or » est par exemple revenu à Jacques Myard (LR), député-maire de Maisons-laffite, pour « son absence lors des bureaux de la CGT ».
« Depuis 2015 nous lui avons envoyé plus de dix courriers avec accusé de réception ». Bilan des courses : zéro réponse. « Le dialogue, il sait faire pourtant ! Jaques Myard est peu avare de déclarations intempestives lorsqu’il s’agit de s’exprimer dans les médias. L’an dernier, il s’était positionné publiquement pour l’interdiction de manifester contre la loi Travail ».
Pierre Bédier, président LR du département reçoit quant à lui le qualificatif d’« Attila du service public ». « L’année 2016 a été assez chargée pour lui, il a beaucoup travaillé et mérite donc amplement son prix », a ironisé le maître de cérémonie devant une quinzaine de militants.
« Éclatement des services du Département, baisse drastique des subventions dédiées à la culture, suppressions de centres PMI, projet de fusion avec les Hauts-de-seine sans concertation », la liste de ses faits d’armes a été égrenée par la CGT.
Pour le prix El liquidator (suppression de postes), deux candidats sont arrivés premiers ex aequo. Richard Rivaud (SE), maire de Fontenay-le-fleury, a supprimé 33 postes d’agents communaux depuis 2014 (sur 207), dont 19 en 2016, selon les chiffres du syndicat.
Pour Marc Honoré (DVD), maire d’achères, « on est sur le même ratio. Lors d’une réorganisation menée en 2016, ce sont 47 emplois permanents (sur 499) ainsi que 12 emplois aidés qui ont été supprimés », complète le responsable syndical.
Dans la catégorie « Belphégor », c’est Véronique Cotémillard (UDI), maire des Clayessous-bois, qui se distingue par son absence dans sa collectivité. « Avec elle, les demandes de rencontre des délégués syndicaux restent sans réponse », appuie le jury pour justifier son choix.
Le prix « Père Fouettard » du département revient à Philippe Tautou (LR), président de la communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise (GPS&O) et maire de Verneuil-sur-seine. Les mises en route, telles que celle connue par GPSO cette année, sont souvent difficiles, « mais n’excusent pas tout » pour ses détracteurs. « Pas de projet d’établissement de service public, des agents mutés d’un service à l’autre sans formation, déménagements incessants des services, licenciements annoncés par téléphone ou par mail pour les contractuels, retard dans le renouvellement des contrats… », ont-ils énuméré.
Pour le prix « Hors catégorie », récompense décernée aux récipiendaires pour l’ensemble de leur oeuvre sur l’année 2016, le jury, composé de huit délégués syndicaux de la CGT, n’a pas pu trancher. Les trois nominés (Pierre Bédier, Karl Olive et Philippe Tautou) finissent donc premiers ex aequo. « Il n’était pas possible que Karl Olive (maire LR de Poissy) passe entre les mailles du filet et reparte sans prix », ironise Tristan Fournet. 127 agents communaux ont été supprimés dans cette ville entre 2015 et 2016, a calculé le syndicat.