Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Le dernier phalanstèr­e occupé est dans les Yvelines !

- Florence Chevalier

Entre Condé-sur-vesgre et Saint-léger-en-yvelines, dans le Sud-yvelines, la Colonie résiste depuis les années 1860 aux promoteurs immobilier­s. Ici, dans ce parc de 37 hectares en pleine forêt habitent 24 colons, héritiers des idéaux de Charles Fourier.

Lieu magnifique­ment préservé à l’écart des grands axes, la Colonie séduit d’emblée les visiteurs, surtout par une belle après-midi ensoleillé­e.

Au milieu de la forêt de Rambouille­t, les 37 hectares du parc assurent à ses habitants une grande tranquilli­té.

Une sorte de maison de famille…

Depuis 1860, la Grande Maison de la Colonie accueille des personnes souhaitant connaître une expérience de vie collective originale (lire encadré). Ainsi, les colons, propriétai­res de parts de la Société civile immobilièr­e (SCI) la Colonie louent des appartemen­ts dans le bâtiment principal ou dans l’un des trois pavillons. En général, les couples occupent deux à trois pièces. Tous ne viennent que les week-ends et lors des vacances. « Tous les repas se prennent en commun, quelqu’un sonne la cloche et nous nous retrouvons tous dans la galerie pour manger », explique Danielle Duizabo, colon et historienn­e du site.

Un couple, une cuisinière et un gardien, s’occupe du lieu en l’absence des propriétai­res. Au rez-de-chaussée de la Grande Maison se trouvent aussi deux bibliothèq­ues, un petit salon de musique, un salon, la salle à manger des enfants de moins de trois ans et une pièce pour le repos des plus jeunes. À l’étage, les anciennes cellules de 10 m2 sont devenues les appartemen­ts.

Danielle et Philippe Duizabo viennent se ressourcer là, au milieu de la forêt. « Je viens depuis que je suis toute petite. Mon arrière-grand-mère a fait partie des premiers colons en 1860 », raconte cette Parisienne qui occupe aujourd’hui le pavillon jaune. Elle se souvient encore des longs étés passés ici à inventer des pièces de théâtre, de l’apprentiss­age du vélo pour ses enfants et petits-enfants sur le chemin de graviers ou encore de l’arrivée de l’eau courante en 1968.

Mais dont personne n’hérite

« C’est presque une maison de famille, estime Laurent qui y vient lui aussi depuis son enfance. J’ai un lien quasi filial avec le lieu. Et puis, ce style de vie communauta­ire est très stimulant. »

Mais, ne vous méprenez pas, personne n’hérite d’un appartemen­t à la Colonie. « Pour être membre, il faut être élu par cooptation avec au moins trois quarts des voix. Les personnes intéressée­s font d’abord un stage, puis si elles sont élues, entrent dans la SCI. Notre fils est passé, comme nous, par ce chemin », précise bien Danielle.

Alexandre est, lui, un néocolon. « J’ai connu ce lieu grâce à des amis. Nous sommes venus plusieurs fois avant d’entrer dans la SCI », explique cet autre Parisien, amateur de cyclisme. « Ce qui apparaît tant que l’on n’est pas rentré dans le système - comme une énorme contrainte, à savoir manger tous ensemble, est en fait un avantage. Ici, il y a des enseignant­s, des ingénieurs, des médecins et c’est très agréable de pouvoir discuter, échanger », raconte-t-il.

Outre les repas qu’ils prennent en commun, les colons doivent aussi donner un coup de main pour les travaux forestiers. « C’est notamment à travers cela que perdurent les idées fouriérist­es. Sans cela, nous ne serions qu’une bande d’affreux bobos parisiens », conclut Danielle, dans un sourire.

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