Le Courrier des Yvelines (Poissy)
« Le symptôme d’un mal-être » selon le Dr Thanh Nguyen
Thanh Nguyen est responsable de l’unité fonctionnelle d’addictologie et de l’équipe de liaison et de soins en addictologie (ELSA) du Centre hospitalier intercommunal de Poissy-saint-germain.
Toutes les Nouvelles : Quels sont les risques pour la santé concernant l’alcool ?
Au niveau du foie, la première conséquence de la consommation chronique est l’apparition d’une stéatose hépatique, puis dans un second temps d’une cirrhose, qui est le terrain prédisposant à un cancer du foie.
Au niveau du cerveau, les consommations excessives et régulières entraînent une souffrance neuronale pouvant aboutir à des démences de type Korssakof.
Des neuropathies périphériques peuvent s’observer dans la dépendance liée à l’alcool, celles-ci se manifestent par des douleurs dans les membres inférieurs sous forme de brûlures ou de décharges électriques.
Ce sont là les principales atteintes liées à l’alcool, sans compter les troubles du comportement dus à l’ivresse.
Combien de verres peuton boire sans se retrouver en difficulté ?
Selon les recommandations de l’organisation mondiale de la santé (OMS), il est conseillé pour l’homme de ne pas dépasser trois verres de vin standard par jour. Au-delà, on est dans une consommations à risque. Pour la femme, c’est deux verres.
Chez la femme enceinte, la consommation doit être nulle compte tenu du risque du syndrome d’alcoolisme foetal (SAF) avec l’atteinte du développement foetal ainsi que le développement psychomoteur de l’enfant à naître.
Existe-t-il des solutions pour le sevrage ?
L’arrêt brutal de l’alcool chez une personne dépendante peut entraîner des delirium tremens ou des crises d’épilepsie, conduisant à une hospitalisation. Il est donc indispensable d’encadrer le sevrage.
L’hospitalisation de sevrage doit être préparée avec le patient avec des objections réalisables et en accord avec ce dernier sur son projet de vie sans alcool. L’alternative à l’hospitalisation est le sevrage ambulatoire encadré par un suivi médical.
L’addiction à un produit ou pas est souvent le symptôme d’un mal-être ou de souffrances psychiques (l’hospitalisation peut les protéger un temps mais le retour au domicile avec le retour de cette souffrance peut entraîner une rechute précoce).
Compte tenu de cette dimension en addictologie, un travail de soutien psychologique puis une psychothérapie doivent être entamés rapidement.il est possible au patient ou à son entourage de consulter des professionnels lorsqu’ils sont confrontés aux problèmes d’addictologie, dans les centres de soins, d’accompagnement et de préventions en addictologie (CSAPA).
Quels sont les signes avantcoureurs de la dépendance alcoolique ?
Peu de signes physiques sont apparents au début de la dépendance à l’alcool, ils sont surtout biologiques.
Bien souvent au début de la dépendance, il existe une période qu’on qualifie de «lune de miel» où la consommation sera «gérable» par le patient qui pourra poursuive ses activités personnelles et professionnelles jusqu’à la perte de contrôle (comme arriver en état d’ivresse sur son lieu de travail).
En termes d’addiction, toutes les tranches d’âges sont-elles touchées ?
L’alcoolisation aiguë touche toutes les tranches d’âge et toutes les catégories socioprofessionnelles.
Quels sont les effets d’une alcoolisation massive, telle que le « binge-drinking » ?
C’est une pratique qui met en souffrance les neurones. Les conséquences peuvent être extrêmement graves : du coma éthylique jusqu’au risque de décès.
La désinhibition de la personne est une autre composante de l’alcoolisation aiguë. Elle expose à des prises de risque dont les conséquences peuvent être lourdes (relations sexuelles non protégées, accidents de la route, etc.).
Souffrance neuronale