Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Atomic Blonde
Comparer « Atomic Blonde » à un mélange entre « John Wick » et « La Taupe » paraît facile au premier abord. Mais pas si erroné au final. Outre les cols roulés, il emprunte au premier l’un de ses réalisateurs, l’ex-cascadeur John Leitch, et un goût prononcé pour les scènes de combat élégantes mais qui font mal. Et du second, il prend l’un des acteurs (l’inquiétant Toby Jones), une histoire d’agent double et l’ambiance de Guerre Froide. Adapté du roman graphique « The Coldest City » d’anthony Johnston et Sam Hart, le récit nous entraîne dans le Berlin de 1989, pendant les quelques jours qui précèdent la chute du célèbre Mur, en même temps que celle du communisme. Suite à la mort de l’un de leurs espions, les services secrets britanniques envoient la plus efficace de leurs employées : Lorraine Broughton, à qui Charlize Theron prête toute sa hargne. Dans la lignée de la Furiosa de « Mad Max : Fury Road », l’actrice sud-africaine ajoute un nouveau rôle de femme forte à son palmarès, et s’offre un véritable morceau de bravoure sous la forme d’un planséquence long de dix bonnes minutes, et qui la voit se débarrasser de ses ennemis dans un escalier, un appartement puis en voiture, sans que l’on ne puisse déceler la moindre coupe. Visuellement impeccable et accompagné par une bande-originale très années 80 (même si les titres sont lancés de façon un peu aléatoire), « Atomic Blonde » surprend sur le fond. Malgré une complexification inutile de l’intrigue, le film parvient à nous intéresser aux états d’âme des espions de l’époque, tiraillés entre plusieurs camps au point de se perdre eux-mêmes. C’est aussi sur ce plan, qui aurait gagné à être encore plus développé, que le long métrage se rapproche de l’excellent « La Taupe », dont il serait une version plus pop et divertissante, avec ce qu’il faut de rebondissements et de surprise dans le dénouement pour nous tenir captivés malgré quelques petites longueurs. Après « Fast & Furious 8 », dans lequel elle a prouvé qu’elle serait une grande méchante, « Atomic Blonde » prouve que Charlize Theron ferait un super James Bond. Assez pour espérer que ce film soit le début d’une saga d’espionnage.