Le Courrier des Yvelines (Poissy)
« Carrières-sous-poissy, c’était encore la campagne »
Elle a grandi à Carrières-sous-poissy et vit aujourd’hui à Londres où elle travaille comme barmaid et serveuse dans un pub irlandais, Hélène Clément, 32 ans, vient de publier un premier roman : Le Plus beau reste à venir.
Qu’est-ce qui a attiré votre famille à Carrières-souspoissy en 1994 ?
Mon père venait de trouver du travail à Rueil-malmaison, mais mes parents ne souhaitaient pas vivre en ville. À l’époque, Carrières-sous-poissy, c’était encore la campagne. Notre maison était entourée de champs tout en étant à dix minutes de toutes les commodités de Poissy. C’était parfait.
Ma mère vit désormais à Chanteloup-les-vignes et mon père s’est installé à Combs-laville, en Seine-et-marne.
Quels souvenirs gardezvous de votre jeunesse à Carrières-sous-poissy ?
Je garde d’excellents souvenirs de mon enfance et de mon adolescence à Carrières. J’y avais plein d’amis et nous passions nos journées dehors, dans les rues ou dans les champs, en toute sécurité. J’y faisais de la danse et du théâtre et c’est sur les bancs de Carrières que j’ai rédigé mes premières histoires.
La ville était, déjà, en expansion constante. Un quartier à peine terminé, un nouveau chantier commençait. Mon frère, mes amis et moi adorions aller explorer ces chantiers, en rollers, une fois les ouvriers partis. Dangereux et inconscient mais super amusant ! Je pense avoir visité une bonne partie des maisons qui se trouvent aujourd’hui entre le collège Claude-monet et l’espace Louis-armand.
Qu’est-ce qui vous a attiré à Londres ?
Je suis partie à Londres à 23 ans, juste après avoir démissionné de l’éducation nationale. Je n’avais pas la moindre idée de ce que j’allais faire de ma vie et j’avais besoin de changer d’air. Je connaissais déjà Londres et j’aimais cette ville pour sa richesse culturelle, son éclectisme et son ouverture d’esprit. J’y suis partie pour six mois… il y a neuf ans.
Pensez-vous revenir vivre en France ?
Je pense rentrer en France, mais quand ? Aucune idée. J’aime vivre au jour le jour et, à l’heure d’aujourd’hui, Londres m’apporte tout ce dont j’ai besoin.
Quelles pourraient être les conséquences du Brexit pour vous ?
J’essaye de ne pas m’inquiéter des conséquences du Brexit tant qu’elles ne sont pas claires, mais je vais faire une demande de séjour permanent, dans l’espoir de ne pas avoir à payer un visa par la suite.
Dans ce premier roman que vous publiez « Le Plus beau reste à venir », il est question de seconde chance. Est-ce ce que vous avez connu dans votre vie ? À Londres peut-être ?
Je n’ai jamais eu besoin de seconde chance. Contrairement à mes personnages, j’ai toujours été entourée et soutenue, tout en étant libre de tracer mon chemin comme je l’entendais. Mais Londres a, sans aucun doute, changé ma vie, à coups de rencontres, d’opportunités, d’expériences et de découvertes culinaires (non, je plaisante…).
Comment sont nés les personnages de votre roman : Raphaël qui vient de perdre son père à 29 ans, Rose, Mallory et Gustave, ces amis d’enfance perdus de vue ou encore Michel ce père tout juste décédé qui était aussi prof protecteur de cette bande d’amis ?
Raphaël est né de la peine et la nostalgie que je ressentais, suite à la perte d’un proche. Cet événement m’a inspiré le point de départ du roman. Pour Rose, Mallory et Gustave, j’ai repris une idée qui me trottait en tête depuis un moment, celle de trois adultes revenant sur les lieux de leur enfance après avoir pris leur revanche sur un passé cruel. Quant à Michel, il est l’incarnation de tous les hommes bienveillants qui m’ont épaulée au cours de ma vie.
Quelles sont vos sources d’inspiration, aussi bien au niveau du style littéraire que de la construction psychologique de vos personnages ?
Mon style littéraire s’est nourri de tous les romans dévorés depuis mon plus jeune âge et s’est construit pendant de nombreuses années passées à écrire et publier des histoires en ligne. Grâce aux retours d’internautes et à mes propres ressentis, j’ai pu déterminer les types de construction, de dialogue et de point de vue narratif avec lesquels j’étais le plus à l’aise.
Pour la construction psychologique de mes personnages, j’observe les gens autour de moi, constamment, un carnet et un stylo dans ma poche. Je suis une voleuse d’instants. Je vole des réactions, des remarques, des mimiques et les moments de vie qu’on accepte de me raconter. Le bar dans lequel je travaille est un puits d’inspiration sans fond !
Comment est né votre goût pour l’écriture ?
De ma passion pour la lecture, mais j’inventais déjà des histoires à l’école maternelle. Dès que j’ai su maîtriser la langue française, les coucher sur papier m’est venu naturellement.
Quels écueils avez-vous dû déjouer tout au long de ce travail d’écriture au long cours ?
Pendant la rédaction de ce roman, mon seul problème était de ne pas vexer mes amis quand je refusais de les voir pour terminer un chapitre. Je n’avais jamais écrit avec autant de plaisir, je ne voulais faire que ça. Pendant l’année que j’ai prise pour le relire et le corriger, j’ai dû notamment faire la chasse aux anglicismes qui le parsemaient. Puis je l’ai laissé de côté pendant quelques mois, car je commençais à tout remettre en question. Mais le plus dur a été, de loin, de trouver le courage de l’envoyer à une maison d’édition.
Quel public aviez-vous en tête en écrivant votre roman ?
Aucun ! Même si je croyais en son potentiel et rêvais, depuis toujours, de me faire publier, j’ai écrit le livre que j’avais envie d’écrire, sans réfléchir aux attentes d’un éditeur ou à un public à cibler. Je ne le partageais qu’avec ma soeur et une poignée d’amies qui le recevaient scène par scène, et je ne voyais pas plus loin. Je me suis ensuite prise à espérer pouvoir toucher un public assez large et au vu des premiers retours, je suis comblée !
Vous travaillez sur un nouveau roman. Pouvez-vous nous en parler ? Avez-vous le sentiment d’être attendue au tournant après cette première publication ?
La seule chose que je peux vous dire c’est que, sans être une suite, ce second roman aura un lien avec Le plus beau reste à venir. Et non, non, non, je n’ai pas lu votre question ! Je refuse d’y penser, c’est angoissant et déstabilisant. Je veux absolument continuer à écrire avec l’insouciance et le plaisir du premier. Les doutes et la pression, je les laisse dehors.