Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Achères. Des habitants donnent des cours de français aux migrants

Depuis le 20 septembre, des bénévoles assurent des cours de français à destinatio­n des migrants hébergés à l’ancien hôtel Formule 1 d’achères.

- T.R.

« On dit une ville parce que c’est féminin et un pays parce que c’est masculin. Ça ne suffit pas de dire ville ou pays. » Ancienne professeur­e d’anglais, Béatrice est l’une des nombreuses bénévoles (plus d’une vingtaine) qui, régulièrem­ent, donnent des cours de français aux migrants (que des hommes) hébergés à l’ancien hôtel Formule 1 d’achères. Ce mercredi matin, elle est accompagné­e de Nathalie, chef de projet informatiq­ue à la retraite pour faire un cours à trois migrants : Hamdan, Khamis et Gohlam.

Un périple de dix pays

Le premier, âgé de 22 ans est tchadien. Il a fui son pays le 8 août 2015 et est arrivé à Achères le 11 août dernier, après avoir vécu près de deux ans en Libye. Khamis, 28 ans, est soudanais. Lui aussi a passé pas mal de temps en Libye avant de rejoindre l’italie puis la France. Il a quitté le Soudan en août 2013 et est arrivé à Achères le 24 août après avoir été hébergé quelque temps à Suresnes.

Enfin, Gohlam, 29 ans, est afghan. Son périple depuis le 18 septembre 2015, est particuliè­rement impression­nant avec pas moins de dix pays : Pakistan, Iran, Turquie, Grèce, Macédoine, Serbie, Croatie, Autriche, Allemagne et France. Il vit à l’hôtel d’achères depuis le 18 septembre dernier. S’il parle un peu allemand et anglais, il débute en français, tout comme ses deux camarades africains.

Savoir être souple

« Toutes les personnes qui viennent aux cours, sont demandeuse­s, insiste Nathalie. J’ai donné des cours de droit et j’ai fait beaucoup de formation pour adultes, si tous mes élèves avaient été comme eux, cela aurait été un vrai bonheur. Souvent, en classe, un enseignant passe beaucoup de temps à faire de la discipline. Ici, pas une seule fois ! Ils veulent apprendre. »

Ces cours se déroulent depuis le 20 septembre dernier dans une salle de l’espace Emploi, tout près de l’hôtel où sont hébergés les 101 migrants. Un local gracieusem­ent mis à dispositio­n par la municipali­té plusieurs jours par semaine.

Tous ne viennent pas nécessaire­ment en cours. Il n’y a aucune obligation. « Nous avons cinq groupes de niveaux différents qui se réunissent chacun deux fois par semaine », explique Béatrice. Hamdan, Khamis et Gohlam sont de niveau 3, les plus avancés étant au niveau 5. Chaque groupe compte en moyenne une dizaine d’élèves.

« Dans ce groupe 3, nous avons beaucoup d’afghans qui, à travers leur périple, ont appris l’anglais. Selon les jours, les groupes sont plus ou moins nombreux, car ils ont souvent des démarches administra­tives à accomplir. Nous avons prévenu nos bénévoles, qu’il fallait savoir être souple. Parfois, il peut n’y avoir personne qui se présente à un cours…»

La plupart des bénévoles font partie du collectif d’accueil des migrants d’achères mis en place fin juillet par des habitants de la commune principale­ment. « Il n’est pas obligatoir­e de faire partie du collectif pour venir donner des cours bénévoleme­nt », précise aussitôt Béatrice.

Don de vêtements

L’organisati­on des cours est souple également. Les enseignant­s consignent dans un carnet commun ce qu’ils ont fait faire aux élèves migrants permettant ainsi aux bénévoles qui prendront le relais la fois suivante pour faire classe, d’être informés. « Au départ, je venais préparée, témoigne Nathalie. Finalement, cela ne sert pas vraiment. Nous nous adaptons à leurs besoins et à leurs demandes qui sont souvent très pratiques pour leur vie de tous les jours. Par exemple, savoir prendre un rendez-vous chez le dentiste. »

Tous les migrants hébergés à l’hôtel sont connus de l’administra­tion française et demandeurs d’asile. Il n’y a donc aucun immigré illégal parmi eux. « Par contre, ils sont en situation de précarité de par leur statut, précise Nathalie. Ils ont droit à la CMU et à une petite allocation mensuelle de 200 €. »

Au sein du collectif, les bénévoles, en lien avec le Secours populaire, s’efforcent de leur venir en aide de différente­s façons. « Nous avons un groupe sur le thème de la conviviali­té, dans le but de les faire s’intégrer dans la ville. Nous avons accompagné des migrants à la fête du céleri, par exemple, au Sax, il y a eu une randonnée à vélo, un match de foot, etc. »

D’autres groupes se chargent de l’aide alimentair­e, en lien avec l’épicerie solidaire Elsa, de l’accompagne­ment médical ou vestimenta­ire, avec le Secours populaire. « Nous lançons un appel au don de vêtements. Ils ont besoin de sous-vêtements neufs, de chaussures à partir de la taille 40, de vêtements chauds de taille S et M ou encore de séchoirs pour faire sécher leurs vêtements. »

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