Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Budget 2024 : «Nous devons faire moins grand, moins beau»
Confronté notamment à la baisse spectaculaire des droits de mutation, le budget 2024 du Département des Yvelines sera moins clinquant que les années précédentes. Une longue période de rigueur semble s’ouvrir.
C’est un budget d’1,781 milliard d’euros (dont 350 M€ d’investissements) qui a été présenté le vendredi 15 décembre par le Conseil départemental des Yvelines lors de sa dernière séance de l’année aux Mureaux. Rigueur est sans doute le mot qui le qualifiera le mieux.
« La situation budgétaire est terriblement difficile, annonce d’emblée Pierre Bédier, le président du Département.
Les droits de mutation à titre onéreux sont notre seule fiscalité. Ils représentent plus de 40 % de nos ressources. Quand ils baissent de 30 %, et ça risque de ne pas s’arrêter là, cela provoque une baisse substantielle de nos recettes. » les
Si le Département des Yvelines s’est toujours engagé « à faire le meilleur pour les Yvelinois» en investissant massivement, notamment dans l’éducation, la recherche et les mobilités (RER E, Tram 13, ligne 18 du métro...), Pierre Bédier laisse entendre que les années à venir seront difficiles. « On a fait de beaux collèges, aménagé de belles déviations, nous avons toujours eu ce choix de l’excellence. Aujourd’hui, il faut s’interroger, revenir sur des choix utilitaristes et peutêtre moins qualitatifs. »
Rappelant l’importance de l’aide sociale à l’enfance, Pierre Bédier annonce que le Département mènera désormais une politique moins onéreuse. « Nous sommes le département qui dépense le moins en fonctionnement. Cela nous a amenés à être très généreux en investissements. Notre mission aujourd’hui est d’être debout sur les freins. On va être obligés d’arrêter certaines choses, d’autres on ne pourra pas les stopper. La règle, c’est de ne pas engager de nouveaux projets. On doit par contre continuer les projets où on a des cofinancements. »
«2024 sera une année charnière »
Des annonces peu réjouissantes qui laissent entendre que les années à venir seront compliquées. « Ne croyons pas qu’en 2025, nous aurons les mêmes ressources qu’en 2022, insiste le président du Département. Nous allons devoir faire un pilotage très raide et très prudent. Notre organisation territoriale est coûteuse, on va devoir changer de mentalité sur nos investissements, faire moins grand, moins beau. Notre budget fixe un cap extrêmement volontariste. 2024 sera une année charnière et des adaptations seront certainement nécessaires en cours d’année. »
❝ Notre mission aujourd’hui est d’être debout sur les freins. » PIERRE BÉDIER
Le conseiller départemental Éric Dumoulin, président de la commission des Finances, rappelle qu’en plus de l’inflation (ndlr : les impacts sont estimés à 86 M€), le Département doit faire face à des dépenses contraintes (Sdis, restauration scolaire...). « Nous n’avons pas la possibilité de tailler dedans car ce sont des engagements quasi régaliens que doit assumer le Conseil départemental. On construit donc un budget de rigueur pour maintenir le modèle économique yvelinois. On restaure une épargne brute à 140 M€, c’est fondamental pour notre crédibilité vis-à-vis de nos partenaires financiers. Notre taux de financement des investissements est maintenu à 54 %, ce qui nous fera un emprunt à hauteur de 160 M€. »
« La procédure de retour à l’équilibre sera très longue », conclut Pierre Bédier.