Deux détenus surpris avec 12 téléphones dans leur cellule

Un long drap blanc. Une chaussette accrochée au bout, en guise de panier. Et le tout qui remonte doucement vers la cellule E 126 de la maison d’arrêt de Bois-d’arcy. C’est ce petit manège observé par une surveillante qui a conduit deux détenus devant le tribunal judiciaire de Versailles, le jeudi 11 janvier 2024.

Âgés de 21 et 25 ans, les deux hommes ont largement minimisé les faits observés par la gardienne depuis sa guérite. Des objets lancés dans la cour de promenade depuis les bois. Un détenu les récupère. Il les glisse dans la chaussette. Et le tout remonte le long de la façade pour aller nourrir le marché parallèle de la détention.

Téléphones, résine et puffs

Ce 29 octobre dernier, la pêche avait été plutôt bonne : 99 grammes de résine de cannabis, 12 téléphones, 7 chargeurs et 4 cigarettes électroniques puffs.

Pour les confondre, la surveillante a compté les fenêtres pour trouver la bonne cellule. Elle a aussi reconnu les voix de l’un, par ses insultes. Elle a aussi signalé leur profil et la tenue vestimentaire de l’autre : un teeshirt blanc.

«Un tee-shirt blanc? Mais je n’en ai jamais eu un seul depuis que je suis en prison », s’indigne le plus âgé.

«Tout ça? C’est bien remonté dans la cellule, mais ce n’est pas à moi », complète le second.

La commande est passée par Snapchat

Pas à lui ? Le juge se demande pourquoi sur l’un des téléphones, la police a trouvé la trace d’une commande via Snapchat. Pas de réponse.

Dans cette situation, la procureure de la République réclame une année de prison supplémentaire. Elle rappelle qu’au moment des faits, les deux étaient les seuls présents dans la cellule. La magistrate déplore également la banalisation des faits. « Je rappelle qu’en détention, le téléphone et les stupéfiants sont strictement interdits ! Interdits ! »

Dans les rangs de la défense, on présente l’un comme un « bon gars » qui pourrait bénéficier d’un peu d’indulgence. Pour l’autre, « ce serait le malaimé de la prison. Et soyons honnêtes : ils ne font que s’infiltrer dans le vice du système. Ce vice c’est qu’il n’y a tout simplement pas assez de sécurité pour les prisons. »

Le tribunal rend son verdict : 6 mois d’incarcération en plus pour chacun. Ce qui porte à fin 2026 la date de libération du plus âgé qui purge une peine de 30 mois.

« Naturellement, les scellés sont tous confisqués », précise le juge.

Manon Varaldo Récupérés dans la cour de promenade de la prison de Bois-d’arcy (Yvelines), les téléphones devaient servir à alimenter le marché parallèle de la détention.