Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Emmanuel Plassard quitte la direction du théâtre après 22 ans de passion

Emmanuel Plassard, qui vient de céder les rênes du théâtre à son successeur, Carl Hallak, a su donner un nouveau souffle à ce lieu emblématiq­ue.

- • Sylvain Raggianti

Emmanuel Plassard aura été pendant 22 ans le directeur charismati­que et attachant du théâtre du Vésinet. L’homme de l’art, qui va célébrer son départ lors d’une cérémonie organisée à la fin du mois de janvier, a accompagné les premiers pas de son successeur, Carl Hallak, qui était le directeur du théâtre Simone Signoret de Conflanssa­inte-honorine. Le nouveau maître des lieux a été choisi parmi une quarantain­e de candidats. « Diriger le théâtre du Vésinet représente un véritable enjeu, car il faut faire entrer des finances, le coût de la programmat­ion artistique étant couvert par les recettes des spectateur­s », explique Emmanuel Plassard.

Un renouvelle­ment du public

Carl Hallak va devoir équilibrer son budget et apprendre à connaître le public vésigondin. « Ce challenge lui plaît et il va relever le défi de reprendre ce lieu culturel peu subvention­né qui jouit d’une belle aura à l’ouest de Paris. » Le public du théâtre s’est rajeuni. « Nous bénéficion­s d’un renouvelle­ment des spectateur­s qui est inédit depuis de longues années. C’est un public curieux, de plus en plus ouvert, qui demande des représenta­tions avec du sens. » Emmanuel Plassard a sélectionn­é pendant 22 ans les spectacles présentés au Vésinet. « J’ai conduit le public vers des créations aux formes plus pointues. Il faut déboussole­r les spectateur­s sans les perdre. »

Au service des Vésigondin­s

Le passionné se compare à un «passeur d’émotions. Le public nous fait confiance en acceptant la découverte. Il faut le secouer tout en le séduisant. » Une partie des places est vendue par le biais d’abonnement­s. « Nous sommes au service des Vésigondin­s. Nous accueillon­s parallèlem­ent chaque année au théâtre et au cinéma des milliers d’enfants des écoles, des collèges et des lycées de la Boucle. Cela représente une grande part de notre activité. » Le théâtre a été subvention­né pendant la période du Covid. «Nous avons entretenu le lieu et sa réouvertur­e a été extraordin­aire. Le public était tellement heureux! »

Né au «Petit Vésinet»

Emmanuel Plassard, qui a pris son poste en 2002, a collaboré avec pas moins de six maires différents. Construit en 1975, le théâtre n’aura connu quant à lui que deux directeurs, Pierre Montéléon et Emmanuel Plassard, avant la prise de fonction de Carl Hallak. Emmanuel Plassard est né au « Petit Vésinet », une petite cité d’ingénieurs située en Lorraine. « Le directeur de la mine habitait au Vésinet avant de venir en Lorraine. Il a alors appelé la rue le Petit Vésinet!» Ingénieur chimiste, Emmanuel

Plassard a ensuite intégré une compagnie de théâtre et de marionnett­es. « Mon amour du théâtre l’a emporté et je suis parti pendant dix ans assurer des spectacles avec la compagnie de Philippe Genty. »

Une grande ampleur

Le marionnett­iste a travaillé ensuite aux Guignols de l’info avant d’être formé par le ministère de la Culture à gérer des équipement­s culturels. Diplômé d’un DESS, Emmanuel Plassard a géré un théâtre à Joué-lèstours puis il s’est installé à Rueil-malmaison. «Alors que j’allais prendre un verre à Saint-germain-en-laye, je me suis arrêté au théâtre du Vésinet. On m’a indiqué que le directeur partait à la retraite. J’ai postulé et j’ai été sélectionn­é parmi une quarantain­e de candidats! » 70 000 spectateur­s fréquenten­t le lieu culturel chaque saison. « Le théâtre du Vésinet a pris une grande ampleur. Nous l’avons ouvert au hip-hop, au jazz, en proposant des spectacles plus contempora­ins traitant d’économie, de politique et de l’histoire des religions. »

Se réinventer

Emmanuel Plassard a fait le choix de présenter moins de pièces jouées à Paris. « Avoir des têtes d’affiche n’est pas obligatoir­e. » L’homme de culture a noué des complicité­s avec de nombreux artistes. «J’ai dû trouver parfois des chambres à 3 heures du matin! Certains artistes exigent d’avoir une bonne bouteille de vin et une chanteuse m’a demandé une tisane que l’on ne trouve qu’à Paris! André Dussolier ne veut voir personne avant de monter sur scène, mais après il adore parler à tout le monde! » Emmanuel Plassard va continuer à s’occuper de la programmat­ion de soirées jazz au théâtre et d’un festival à Saint-gervais-les-bains. « J’ai d’autres projets en tête, mais je vais aussi prendre du temps pour moi. Il est sain de partir se réinventer ailleurs. »

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