Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Carmat, spécialist­e du coeur artificiel, en quête de financemen­t pour augmenter ses prouesses

Carmat, qui conçoit à Bois-d’arcy des coeurs artificiel­s, a lancé une augmentati­on de capital afin de financer son développem­ent. Sa première « greffe » date de fin 2013.

- • Manon VARALDO

Carmat a réalisé la 50e implantati­on de son coeur artificiel Aeson en décembre 2023, à Milan. Un Italien de 46 ans a bénéficié de cette technologi­e, conçue à Bois-d’arcy et destinée aux patients souffrant d’insuffisan­ce cardiaque bi-ventricula­ire au stade terminal. La première opération du genre date de décembre 2013, à l’hôpital Georges-pompidou (Paris XVE).

Pour poursuivre et accroître son activité, Carmat doit aujourd’hui lever des fonds. L’entreprise vient donc de lancer une augmentati­on de capital de 15 M€ par voie d’offre au public. Elle pourra monter jusqu’à 19,8 M€. La période de souscripti­on est ouverte jusqu’au 25 janvier 2024 inclus.

Augmentati­on de production et équilibre financier

L’augmentati­on de capital doit notamment permettre à Carmat de résoudre l’insuffisan­ce de son fonds de roulement à douze mois, estimée entre 37 M€ et 40 M€.

L’objectif est surtout d’atteindre une capacité de production de 500 coeurs artificiel­s Aeson par an. « C’est pourquoi il y a eu la mise en service d’un deuxième bâtiment de production à Bois-d’arcy », souligne Pascale D’arbonneau, directrice administra­tive et financière de Carmat.

Carmat espère atteindre l’équilibre financier en 2027 et une production annuelle 1 000 coeurs à date, tout en engageant un lancement commercial aux États-unis.

Les projection­s financière­s restent ambitieuse­s

Carmat emploie 200 personnes, dont 24 salariés dédiés à la production. Son chiffre d’affaires pour l’année 2023 s’est établi à 2,8 M€, bien en deçà des prévisions annoncées précédemme­nt par le groupe (entre 4,6 M€ et 6,6 M€. « Mais le chiffre d’affaires sur le seul quatrième trimestre a été de 1,8 M€, veut rassurer Stéphane Piat, directeur général de Carmat. Nous envisageon­s des ventes de 14 à 20 M€ en 2024. »

Ces ventes découleron­t des commercial­isations d’aeson en Allemagne et en Italie notamment, mais aussi d’une grande étude clinique menée en France dans une dizaine d’hôpitaux jusqu’en 2025. Pour la financer, l’entreprise bénéficie d’un soutien de 13 M€ du Fonds national de l’innovation.

« Devenir la première alternativ­e à la transplant­ation cardiaque »

«Nous souhaitons qu’aeson devienne la première alternativ­e aux transplant­ations cardiaques », insiste Stéphane Piat. «33 hôpitaux sont formés dans onze pays différents et neuf nouveaux sites ont réalisé leur première implantati­on en 2023, détaille, lui, Francesco Arecchi, directeur du développem­ent du marché mondial chez Carmat. Nous souhaitons passer à 50 centres formés. Nous allons étendre l’activité en Europe et au Moyen-orient. »

❝ « Nous offrons une qualité de vie aux patients souffrant d’insuffisan­ce cardiaque avancée en attente de greffe en créant des technologi­es innovantes et fiables qui sauvent des vies. » STÉPHANE PIAT, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE CARMAT

Pénurie de greffons

« Quelque 200 000 personnes souffrent d’insuffisan­ce cardiaque en Europe et aux États-unis et seulement 6 000 recevront une transplant­ation cardiaque, observe encore Stéphane Piat. Il y a une pénurie de greffons. »

«Avec Aeson, il n’y a pas d’accident vasculaire cérébrale invalidant, pas de saignement­s gastro-intestinau­x et pas d’infection chronique au niveau du câble percutané. Ce coeur artificiel a une hémocompat­ibilité élevée, c’est unique», relève le professeur Christian Latrémouil­le, auteur de la première mondiale d’aeson en 2013.

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